Selon les données récoltées par La Presse, plusieurs centres de santé et de services sociaux (CSSS) du Québec qui présentent d'importantes factures de taxi se trouvent en région urbaine.

Le CSSS de la Montagne a cumulé plus de 664 000$ de factures de taxi de 2006 jusqu'au début de 2009. Le CSSS Jeanne-Mance a quant à lui dépensé près de 900 000$ durant la même période.

 

«Nous sommes en plein coeur du centre-ville. On préfère souvent payer le taxi plutôt que le kilométrage et les frais de stationnement, qui sont plus chers», justifie la responsable des communications du CSSS de la Montagne, Suzanne Caron.

En ville, le taxi est effectivement privilégié par plusieurs établissements, qui le jugent plus économique. «On a des cliniques au centre-ville où le stationnement, même aux parcomètres, est très dispendieux. On préfère les taxis, dit la porte-parole du CSSS Jeanne-Mance, Martine Dubois. Si on remboursait les frais de kilométrage, les coûts seraient plus élevés.»

Les déplacements dans les CSSS urbains sont aussi beaucoup plus fréquents, puisque les établissements desservent des bassins de population importants. «On a un plus petit territoire, mais on doit offrir des soins à beaucoup de gens», affirme le directeur des communications du CSSS de la Montagne, Jean Paiement.

Ce qui fait dire à la directrice de l'Association des établissements de santé et des services sociaux du Québec (AQESSS), Lise Denis, que les dépenses de transport de Montréal ne sont pas si élevées. «Si on prend en considération l'ensemble des coûts de transport, Montréal a dépensé 18 millions en 2007-2008, selon mes chiffres, contre 11 millions pour la Côte-Nord. On voit donc que Montréal dépense moins per capita», note Mme Denis.

Le taxi en banlieue aussi

La banlieue rapprochée semble aussi favoriser le taxi pour ses déplacements. Le CSSS de Laval cumule des dépenses de plus de 1,6 million en taxi depuis 2006. «On n'a pas un très grand territoire à couvrir, mais on a énormément de déplacements. On a 18 installations et il y a beaucoup de mouvements entre ces endroits», explique le porte-parole du CSSS de Laval, Mathieu Vachon.

La quasi-totalité des déplacements faits en taxi concernent les patients. «Les employés, eux, utilisent majoritairement leur voiture et on leur rembourse leur kilométrage», affirme M. Vachon.

Si on s'éloigne encore un peu des grands centres, les CSSS des grandes banlieues utilisent eux aussi beaucoup le taxi. Mais leur réalité est tout autre.

«On a moins de population, donc moins de déplacements. Mais chaque fois, les distances sont longues. Notre territoire est très étendu. Entre nos deux hôpitaux principaux, il y a 65 km de distance», explique le directeur du CSSS Antoine-Labelle, Jean-Pierre Urbain.

Le problème de l'éloignement des villes explique aussi que le CSSS de Charlevoix présente une facture de transport en taxi assez élevée. «Nous avons un corridor de service avec Québec. Mais la ville est à une centaine de kilomètres d'ici», dit la responsable des communications du CSSS de Charlevoix, Carole Guay. Les échantillons de prélèvements doivent aussi régulièrement être analysés à Québec, puisque le laboratoire central y est situé. «Je dirais que 75% de nos échantillons y sont acheminés, dit Mme Guay. Ça entraîne des frais.»

Dans des régions comme Charlevoix et les Laurentides, les distances avec les villes centres sont grandes, mais pas assez pour utiliser l'avion. Le taxi est donc privilégié. «Mais nous avons des ententes avec les compagnies de taxi pour gérer tout ça», assure M. Urbain.