L'hôpital Sainte-Anne des anciens combattants est au bord de la crise. L'établissement de Sainte-Anne-de-Bellevue, qui prend soin de plus de 415 personnes âgées en perte d'autonomie, a sabré 2,2 millions dans sa masse salariale. Depuis avril, le nombre d'employés a tellement diminué que la sécurité des patients est menacée, selon le syndicat.

«L'employeur a procédé à une réorganisation du travail. Mais la conséquence, c'est que la charge de travail a littéralement doublé. Nos membres sont fatigués. L'ambiance de travail est pourrie. Il y a un stress généralisé et la qualité des soins est menacée», affirme le président du local 10 008 du Syndicat des employé(e)s des Anciens combattants, Daniel Allard.

 

Les coupes de personnel compliquent le travail des employés, selon M. Allard. Par exemple, alors que chaque étage de l'hôpital recevait les services d'une infirmière et de deux préposés aux bénéficiaires la nuit, le service a été légèrement diminué. «Maintenant, il y a une infirmière par étage et un préposé et demi. Il y a 35 résidants par étage. Les résidants se plaignent de la diminution de la qualité des services, note M. Allard. Moi, je me questionne sérieusement sur la sécurité de tout ça.»

La directrice des soins de l'hôpital des anciens combattants, Lynn Landry, reconnaît que son établissement a dû procéder à une importante réorganisation pour combler un manque à gagner de 2,2 millions. Mais selon elle, la qualité des services n'est pas diminuée. «La nuit, les changements n'affectent pas les soins. Et le jour, rien n'a changé», dit-elle.

Pour M. Allard, la réorganisation est très difficile pour les employés. Chez les six adjointes administratives des unités de soins, par exemple, quatre sont en congé de maladie. «Ces employées devaient auparavant s'occuper de l'administration d'un étage. Elles doivent maintenant faire la même chose, mais pour deux étages. Leur tâche a littéralement doublé. Elles sont vidée», dit M. Allard.

Mme Landry reconnaît que les employés peuvent éprouver une certaine fatigue. «Les gens travaillent fort pour que ça marche, dit-elle. Ils sont fatigués car ils doivent s'adapter à une nouvelle façon de faire. Mais on est encore en projet-pilote pour s'assurer que les changements sont corrects.»

La grève est possible

Les coupes à l'hôpital Sainte-Anne ont été annoncées en février dernier. Les premières réductions de personnel ont eu lieu en avril et se poursuivent depuis. «On ne peut pas sabrer 2,2 millions dans un hôpital sans diminuer considérablement les services», croit M. Allard.

Selon le syndicat, la direction de l'hôpital avait promis de revenir sur sa décision si jamais les coupes se révélaient néfastes. «On a signé un protocole d'entente là-dessus. Maintenant, on ne s'entend pas. La direction affirme que tout va bien ici. Ils ne voient vraiment pas ce qui se passe dans la réalité», dit M. Allard.

Les discussions se poursuivent à l'hôpital des Anciens combattants. Mais si rien ne se règle, le syndicat n'écarte pas la possibilité de déclencher une grève. «Les discussions ont été bonnes jusqu'à maintenant. Là, on sent qu'on se dirige vers un mur», mentionne M. Allard.