La recherche pharmaceutique est en pleine mutation au Québec. Un écart important sépare le stade précoce de la recherche fondamentale et ce qui intéresse les entreprises pharmaceutiques, soit le stade avancé du médicament près de sa commercialisation.

«Il faut arriver à faire un meilleur arrimage entre les deux», croit Michel Bouvier, professeur à l'Université de Montréal et chercheur à l'Institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC).

 

C'est dans ce contexte que le Consortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM) a vu le jour. L'organisme regroupe à la fois des représentants des grandes compagnies pharmaceutiques et des entreprises de biotechnologies. Ensemble, ils viennent de financer quatre projets de recherche multidisciplinaires qui réunissent à la fois des chercheurs des laboratoires des hôpitaux ou des universités et des représentants de l'industrie pharmaceutique.

«Il faut trouver de nouvelles avenues. Les gens sont un peu surpris que les industriels travaillent ensemble pour financer des projets. Il y a quelques années, ça n'aurait pas été possible», indique d'ailleurs le président-directeur général du CQDM, Max Fehlmann.

Démarchages

D'autres organisations tentent aussi de mettre en contact les gens de l'industrie pharmaceutique. «Il faut faire beaucoup de démarchage auprès des centres académiques. C'est le rôle des grappes in vivo de permettre ce maillage entre les chercheurs académiques et les gens de l'industrie», explique Michelle Savoie, directrice générale de Montréal InVivo.

Mais un problème demeure. Les petites entreprises de biotechnologies, pourtant essentielles au processus, cherchent du financement. «Au Québec, depuis deux ans, il n'y a eu à peu près aucun investissement pour le démarrage», soutient Maxime Ranger, chef d'exploitation et cofondateur de GInova Pharma.

Son entreprise de biotechnologies fondée en 2008 se spécialise dans la mise au point de nouveaux médicaments gastro-intestinaux. GInova Pharma compte trois produits qui sont à l'étape des tests précliniques sur les animaux. Elle espère les mener jusqu'à la phase II des essais cliniques. Un processus coûteux puisque la compagnie doit actuellement amasser 20 millions.

À ce jour, peu d'entreprises de biotechnologies québécoises ont franchi avec succès l'étape des essais cliniques des phases II ou III. L'exemple récent est celui de Tératechnologie, qui a signé une entente avec EMD Serono pour commercialiser son produit aux États-Unis. La tésamoréline permet de traiter la lipodystrophie, une condition qui affecte les gens atteints de VIH.