La grippe A (H1N1) a un effet manifeste sur le système de santé, a indiqué hier la direction de la santé publique. Le nombre de visites aux urgences a augmenté de 2% et le nombre d'appels au système téléphonique Info-Santé a aussi bondi. Et ce, même si les autorités médicales de la province conseillent maintenant aux gens qui en ont les symptômes de ne se présenter à l'hôpital qu'en cas d'aggravation.

«Nous voulons retarder l'arrivée des cas à l'hôpital, a indiqué Alain Poirier, le directeur national de la santé publique, en point de presse à Québec. Nous ne voulons pas augmenter la pression.»

Cette stratégie semble enfin porter ses fruits. Le nombre de nouveaux cas a augmenté plus lentement, de 77 cas, portant le total à 1187. Deux de ces patients ont été hospitalisés, portant le total à 162. Aucun nouveau décès n'a été annoncé hier. Les sept décès jusqu'à maintenant étaient des patients ayant d'autres problèmes de santé les rendant plus vulnérables, par exemple une chimiothérapie anticancéreuse ou des problèmes cardiaques diminuant la capacité respiratoire.

La pandémie crée un deuxième pic de grippe cette année. Il pourrait même dépasser le sommet généralement atteint à la fin février - cette année, ce pic était de 600 nouveaux cas par semaine. Par contre, une proportion plus élevée des personnes atteintes se rend probablement à l'hôpital et y subit des tests, par rapport à la saison ordinaire de la grippe. Par exemple, le Dr Poirier est confiant que presque tous les décès reliés au H1N1 ont été comptabilisés, parce que les hôpitaux doivent faire passer des tests pour tout patient atteint d'une maladie respiratoire. Une saison ordinaire de grippe cause de 1000 à 1500 décès, mais ce chiffre n'est jamais observé directement faute de tests - il est basé sur des modèles épidémiologiques canadiens.

Les infirmières ont peur

En cas de pandémie sévère, plus de la moitié du personnel hospitalier pourrait manquer à l'appel, particulièrement chez les infirmières et les préposés aux bénéficiaires. C'est la conclusion de quatre études récentes au Royaume-Uni, en Australie et aux États-Unis. L'étude britannique est la plus pessimiste: seulement 15% des répondantes à un sondage auprès d'infirmières ont indiqué qu'elles continueraient à se présenter au travail coûte que coûte. Aux États-Unis, 45% du personnel hospitalier disait qu'il envisagerait de manquer des journées de travail si leur santé ou celle de leur famille semble menacée. Les deux études australiennes étaient plus optimistes, concluant que l'absentéisme serait limité à 20% et 40% dans les hôpitaux.