Le gouvernement conservateur a rejeté, hier, l'idée de redémarrer le projet de réacteurs nucléaires de type Maple pour assurer la production d'isotopes médicaux, proposée comme solution à la crise d'approvisionnement.

En entrevue à la station de radio torontoise CFRB, la ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, a estimé que l'option suggérée, notamment la veille par les dirigeants de l'entreprise MDS Nordion, qui transforme et distribue les isotopes, n'est pas une solution à court terme.

«Lorsque la décision a été prise, en 2008, de mettre fin au projet Maple, c'est que, depuis 2003, on était incapable de régler un problème sérieux, a dit la ministre. Le problème est que, si le réacteur entrait en fonction, ce ne serait pas sûr parce qu'il y a une possibilité qu'on soit incapable de l'arrêter.»

«Même si on pouvait régler le problème, ce ne serait pas avant 2013-2018», a-t-elle ajouté.

Plus tôt, en Chambre, le député conservateur Pierre Poilièvre avait cité le président-directeur général d'Énergie atomique du Canada, Hugh MacDiarmid, qui estime que le redémarrage des Maple «n'est pas une option réaliste» compte tenu du fait que la remise en marche et l'obtention d'une licence d'exploitation prendraient plusieurs années et coûteraient des centaines de millions.

Originalement prévus pour remplacer l'installation de Chalk River à la fin de sa vie utile, les deux réacteurs Maple, construits dans les années 90, n'ont jamais été opérationnels, malgré les centaines de millions de dollars qu'on y a injectés pour régler des problèmes récurrents. Le gouvernement conservateur a mis fin au projet en mai 2008.

Le réacteur nucléaire de Chalk River, en Ontario, produit en temps normal 40 % des isotopes médicaux utilisés dans le monde pour l'examen et le traitement de cancers et de maladies cardiovasculaires. Son arrêt, il y a un mois, cause actuellement une pénurie mondiale.

Le premier ministre a annoncé mercredi que le Canada se retirerait de la production d'isotopes médicaux, au grand désarroi de la communauté scientifique et de l'opposition à Ottawa.

En entrevue à La Presse Canadienne, jeudi, le directeur des communications de Stephen Harper, Kory Teneycke, a qualifié Énergie atomique du Canada de «gouffre financier sans fond».