Alors que le département de néonatalogie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine est fermé aux transferts depuis six jours, les autres hôpitaux de Montréal sont débordés. La pénurie de lits en néonatalogie au Québec, qui dure depuis environ cinq ans, atteint ces jours-ci des sommets inégalés dans la métropole.

«On est débordés depuis longtemps. Mais plus on avance, pire c'est. On est dans l'eau chaude, et l'eau se réchauffe de plus en plus», explique la chef du département de néonatalogie de l'Hôpital de Montréal pour enfants, la Dre Thérèse Perreault.

Alors que l'Hôpital de Montréal pour enfants n'a le personnel que pour accueillir 18 patients en néonatalogie, l'établissement en traite constamment 20. «Lundi soir, notre infirmière-chef est même restée pour prendre soins des patients. Ce n'est pas tout à fait normal», note la Dre Perreault.

Le département de néonatalogie de l'Hôpital de Montréal pour enfants est si plein que des ventilateurs ont failli manquer cette semaine. «Si on avait eu un seul nouveau patient à ventiler, on n'aurait pas eu le matériel pour le faire», précise la Dre Perreault.

La présidente de l'Association des obstétriciens et gynécologues du Québec, la Dre Corinne Leclercq, confirme que la situation dans les départements de néonatalogie n'est pas unique au CHU Sainte-Justine. «C'est dans tous les centres universitaires, assure la Dre Leclercq. Pendant ce temps, les hôpitaux intermédiaires qui doivent transférer des patients perdent un temps fou à leur trouver une place. Et souvent, dans le cas de ces patients, chaque minute compte.»

La pénurie de personnel en néonatalogie force la fermeture de plusieurs lits. Remplis à pleine capacité, les hôpitaux débordent.

La Dre Leclercq dit que les problèmes dans les départements de néonatalogie sont connus du gouvernement depuis longtemps. «Une table sectorielle mère-enfant a été mise sur pied. On a dit qu'on veut un site unique informatisé où les places disponibles dans les hôpitaux universitaires seraient inscrites en temps réel. Ça nous éviterait de faire de longs appels pour transférer des patients», explique-t-elle.

Les centres de néonatalogie de la province ont aussi reçu au cours des derniers mois la visite d'inspecteurs du gouvernement. «On a été évalués. Mais il va falloir voir ce que ça va donner concrètement», dit la Dre Perreault.

En attendant, le CHU Sainte-Justine compte rouvrir son département de néonatalogie aux transferts dès demain. «Mais il va falloir réévaluer la situation. Car même si on était fermé, on a dû accepter certains cas et là, on est aussi achalandé qu'avant», explique la porte-parole de l'hôpital, Mélanie Dallaire.

La crise dans les départements de néonatalogie risque donc de se poursuivre. «Actuellement, si la néonatalogie continue de rouler au Québec, c'est parce que les gens qui s'en occupent sont pleins de bonne volonté. On a le souci du patient. Sinon, ça tomberait», affirme la Dre Perreault.