Depuis hier, le service de soins intensifs de néonatalogie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine n'accepte plus de bébés. Le service, qui fonctionne à pleine capacité depuis des mois, n'est plus en mesure de répondre à la demande.

Le CHU Sainte-Justine, qui offre normalement 21 lits de soins intensifs en néonatalogie, veut diminuer ce ratio à moins de 17, a confirmé la Dre Sarah Bouchard, spécialiste de la chirurgie foetale et porte-parole du CHU Sainte-Justine. «Le service est actuellement plein. On va refuser les transferts le temps de faire baisser notre taux d'occupation. On s'est donné le 12 juin comme date butoir», explique la Dre Bouchard.

 

Les autres hôpitaux de Montréal, dont l'Hôpital de Montréal pour enfants, devront en attendant prendre les bébés normalement acceptés par le CHU Sainte-Justine. Mais la situation est loin d'être parfaite. Car les autres services de soins intensifs de néonatalogie de l'île croulent aussi sous la tâche.

La situation est à ce point criante que des ententes pourraient être conclues avec des hôpitaux d'Ottawa ou de Plattsburgh pour absorber le surplus de patients, affirme une source bien au fait du dossier. La Dre Bouchard dément cette information. «Vous m'apprenez ça. Je peux vous assurer que Sainte-Justine est uniquement en pourparlers avec les hôpitaux de Montréal et n'a pas l'intention d'envoyer ses patients ailleurs», dit-elle.

Les problèmes dans les unités de néonatalogie de Montréal ne datent pas d'hier. Alors que le service de Sainte-Justine a une capacité maximale de 21 lits, il doit souvent traiter jusqu'à 24 bébés à la fois.

«La situation est actuellement indépendante de notre volonté. On doit transférer des patients très précaires dans des unités intermédiaires. Avec la direction, nous avons décidé que ça ne peut plus durer», dit la Dre Bouchard.

Pénurie de personnel

Le principal problème est la pénurie de personnel. «En néonatalogie, on ne peut pas avoir moins de personnel la nuit. C'est parfois difficile de combler les trous, dit Mme Bouchard. Là, on est en pénurie très grave dans certains quarts de travail. Et on a un ratio patient-infirmière à ne pas dépasser...»

Mme Bouchard assure que, malgré la situation difficile, «la sécurité des bébés continuera de passer avant tout» au CHU Sainte-Justine. «Toutes les unités de néonatalogie de Montréal sont sur un pied d'alerte. On va continuer d'aider les bébés», assure Mme Bouchard.

Au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, on refuse pour l'instant de commenter la situation. Mais on assure que les problèmes en néonatalogie sont principalement causés par la pénurie de personnel et non pas par le manque d'argent. «Le personnel est très spécialisé et n'est pas facile à remplacer. Mais Sainte-Justine travaille très fort pour offrir le maximum de services à la population», a dit l'attachée de presse du ministre Bolduc, Marie-Ève Bédard.