Un comité d'experts nommé par Québec doit déterminer d'ici la fin de la semaine le nombre de femmes atteintes d'un cancer du sein qui seront visées par de nouvelles analyses en laboratoire. Mais dès maintenant, tous les laboratoires de pathologie doivent obligatoirement se soumettre à un contrôle d'assurance qualité externe.

Sur les 45 laboratoires de pathologie qui effectuent des tests dans le domaine du cancer du sein, seulement la moitié s'y soumettent actuellement.

«J'espère ainsi pouvoir contribuer à rassurer les patientes atteintes du cancer du sein sur la qualité des tests de pathologie réalisés au Québec», a déclaré hier le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

Une étude de contrôle de qualité dans les laboratoires de pathologie, menée par le Dr Louis A. Gaboury, a jeté la profession dans la tourmente la semaine dernière. L'étude révélait des erreurs dans les tests de pathologie liés au cancer du sein. Cette discordance pouvait varier de 15 à 30%, selon les laboratoires.

Ces tests de pathologie sont une analyse d'échantillons de tissus humains qui permet de déterminer le traitement qui doit être administré à une femme chez qui le médecin a diagnostiqué un cancer du sein.

Le ministre Bolduc a par ailleurs réaffirmé hier que personne au ministère ou à l'Institut de santé publique du Québec n'avait été mis au parfum de l'existence de cette étude avant qu'elle ne fasse l'objet d'un reportage.

Pourtant, un courriel envoyé le 3 octobre 2008 à une conseillère-cadre à l'INSPQ, dont La Presse a obtenu copie, explique qu'une étude sera lancée. Une attachée de recherche, adjointe du Dr Gaboury, présente clairement la démarche menée dans les laboratoires afin de comparer les marquages pour certains types de tests dans le domaine du cancer du sein.

La problématique en pathologie était également bien documentée au ministère. Un état de situation présenté par le Dr Gaboury à un sous-ministre en octobre 2007 le démontre.

«Comme il n'y a actuellement aucun programme d'assurance qualité au Québec, personne ne peut garantir la qualité des épreuves de laboratoire et la validité des tests. De même, l'hormonothérapie pour le cancer du sein est sujette aux mêmes écueils», peut-on lire dans le document faisant état de la situation, également obtenu par La Presse.

Les pathologistes réclamaient alors la désignation d'un laboratoire central pour instaurer un programme d'assurance qualité. Sur cette question, un comité a entrepris des travaux il y a près d'un an, a fait valoir le ministre hier. M. Bolduc se montre aussi disposé à améliorer la situation des pathologistes, qui affirment que leurs équipements sont désuets. Mais il ignore combien cette mise à niveau peut coûter.

La priorité est de répondre aux inquiétudes des femmes atteintes d'un cancer, a répété le ministre Bolduc à plusieurs reprises. «Il est primordial de déterminer dans les meilleurs délais ce qui doit être fait dans l'intérêt des patientes qui sont au coeur de nos discussions et de nos préoccupations.»

C'est pour cette raison que le comité d'experts a été mandaté par le ministre. Il doit déterminer le type d'analyses qui doit être repris, la clientèle ciblée et la période sur laquelle doit porter la révision des tests. Son rapport est attendu d'ici la fin de la semaine.

«C'est une bonne chose. Cela démontre que lorsqu'ils veulent agir vite, ils sont capables. (...) La seule chose qu'on déplore est que ça fait des années que cela aurait dû être fait», a réagi le Dr Pierre Audet-Lapointe, porte-parole de la Coalition Priorité Cancer. Il croit par ailleurs que pour éviter toute confusion chez les femmes atteintes de cancer, il aurait été préférable de reprendre tous les échantillons gardés en laboratoire, plutôt que d'en cibler certains.