Le Collège des médecins du Québec recommande la création d'un programme d'assurance qualité à l'échelle provinciale pour éviter la répétition d'erreurs comme celles survenues dans les tests pathologiques de femmes atteintes de cancer du sein.

Le Collège presse aussi le gouvernement d'agir rapidement afin de mettre sur pied un plan d'action pour déterminer si des examens devront être analysés de nouveau et, dans ce cas, le nombre de femmes visées.Mais les femmes atteintes d'un cancer du sein, qui s'inquiètent d'avoir reçu, ou pas, le traitement adéquat, devront faire preuve de patience. Il faudra plusieurs jours, voire quelques semaines, avant d'en arriver à une conclusion.

«Parmi les pistes de solutions, on pourrait envisager en priorité que des femmes déclarées négatives puissent être testées de nouveau», a suggéré le Dr Louis A. Gaboury.

Président de l'Association des médecins pathologistes du Québec, c'est le Dr Gaboury qui a mené l'étude pour mesurer le contrôle de qualité dans les laboratoires de pathologie. Une étude à l'origine de la tourmente qui frappe depuis la semaine dernière.

Les résultats ont démontré que des tests pathologiques menés pour déterminer le type de traitement que doivent subir les femmes atteintes de cancer du sein étaient erronés. La discordance variait de 15 à 30% selon les laboratoires. Au total, 15 échantillons ont été envoyés dans 25 laboratoires.

Cette étude a semé l'inquiétude, d'autant plus que des centaines de femmes pourraient être visées, a soutenu le Dr Gaboury.

Mais hier, le président et directeur général du Collège des médecins, le Dr Yves Lamontagne, se voulait rassurant.

L'étude doit être vue comme un projet pilote. Même si le taux d'erreur varie de 15 à 30%, cela ne signifie pas que le même pourcentage de femmes cancéreuses ont reçu le mauvais traitement.

«L'étude est bien fondée, mais préliminaire, et elle sous-entend que l'on doit aller plus loin sur le plan de la recherche», a déclaré le Dr Lamontagne.

Le Collège a d'ailleurs mandaté le Dr Gaboury afin qu'il détermine les éléments qui devront faire partie d'un programme d'assurance qualité.

Le Dr Gaboury s'est pour sa part défendu d'avoir voulu semer la panique. Il ne s'agit pas de corporatisme, a-t-il aussi affirmé.

«Malheureusement, au Québec, nous attendons souvent des crises pour agir. Je n'ai pas de contrôle sur la façon dont mon étude a été interprétée. Mais si cela a servi à éveiller la conscience de tout le monde sur les conséquences potentielles de telles discordances, au moins ce chaos aura servi à faire avancer la science et cela m'attriste que ce soit encore une fois les patientes qui en paient le prix», a-t-il déclaré hier.

Voilà des années que les pathologistes tentent en vain de sensibiliser le gouvernement à leurs difficultés. Ils manquent de moyens, les appareils sont vétustes et il devient urgent d'uniformiser les procédures dans l'ensemble des laboratoires, disent-ils.

Même le Collège des médecins a sonné l'alarme en 2007. Dans une lettre envoyée à l'ancien ministre de la Santé, Philippe Couillard, que La Presse a obtenue, l'organisme recommandait de mettre en place un programme d'assurance qualité pour les tests pathologiques.

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, doit par ailleurs réagir ce matin en conférence de presse et annoncer la suite des choses.