Les derniers jours ont été mouvementés pour la ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault. La publication d'une série de La Presse sur les résidences privées pour aînés a remis en question la crédibilité du processus de certification. Le rapport du protecteur du citoyen, publié mardi, a lui aussi écorché le gouvernement. La veille de la publication de ce rapport, la ministre a accordé une entrevue exclusive à La Presse.

Q Notre dossier publié la semaine dernière a révélé que la qualité des résidences privées varie grandement au Québec. Qu'avez-vous fait depuis pour corriger la situation?

 

R Dans le réseau privé, la certification va bon train. On continue pour pouvoir s'assurer que les résidences soient certifiées le plus possible pour la fin du mois de juin. Parallèlement, il y a déjà un bilan préliminaire qui se fait sur la certification des résidences, pour savoir si ce qu'on a mis en place tient la route et de quelle manière on peut le bonifier. Il faut s'attarder à la question pour s'assurer que le personnel en place réponde aux besoins des gens.

Q Il s'agit donc d'une révision du processus de certification?

R Oui. On va le réviser. Pour nous, ça a toujours été la première étape. Donc, on va pouvoir passer à la phase deux.

Q Le Québec traite-t-il bien ses aînés?

R On a fait de grandes avancées. On a une ministre des Aînés. En tant que gouvernement, on envoie un signal qui démontre l'importance qu'on leur accorde. On prend conscience que la population est vieillissante. C'est un des grands défis du Québec. Est-ce qu'on traite bien nos aînés? Oui. Peut-on les traiter mieux? Oui. Il y a une responsabilité du gouvernement. Mais il y a aussi une responsabilité des familles.

Q Vous êtes députée d'Anjou depuis 2002. Vous avez été ministre de l'Immigration de 2005 à 2007 et nommée ministre déléguée aux Services sociaux le 18 décembre 2008. Pourquoi avoir décidé de scinder en deux le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS)?

R C'est une décision du premier ministre. Le MSSS est le plus gros ministère. Il y a tellement de dossiers que l'idéal, c'est d'avoir deux ministres, parce qu'il s'agit vraiment des personnes les plus vulnérables de notre société.

Q Vous devez vous occuper de plusieurs dossiers, notamment la protection de la jeunesse, les aînés, les sans-abri, l'adoption internationale... Quelles sont vos priorités?

R Mon premier dossier, à court terme, est l'itinérance. Il y a eu une commission là-dessus qui déposera son rapport avant la fin du mois de juin. On veut concevoir un plan d'action pour l'automne. Je vais aussi coprésider les consultations qui seront lancées à la mi-juin par mon collègue Sam Hamad (ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale) pour que le Québec puisse se doter d'un deuxième plan de lutte contre la pauvreté.

Q Vous êtes en politique depuis huit ans mais on a peu entendu parler de vous. Quel genre de politicienne êtes-vous?

R Je suis quelqu'un de terrain. Je vais voir la réalité des gens. De par mon côté femme d'affaires, l'obligation de résultat importe plus qu'un style flamboyant. Les dossiers des services sociaux sont souvent délicats, aussi. Vous ne me verrez jamais sur la place publique avec un dossier de protection de la jeunesse, par exemple. Parce qu'il y a beaucoup de renseignements confidentiels. Ce ne sont pas des dossiers qu'on peut afficher sur la place publique. Je ne pense pas qu'avoir de la visibilité est garant de résultats.

Q Croyez-vous à l'engagement social ?

R Je crois au bénévolat. C'est important de redonner à la société. Nous avons un contexte économique un peu plus difficile. Je voudrais qu'on soit solidaire en tant que société. Quand on regarde ce qui se passe ailleurs... Prenez les États-Unis. Le sénateur Kennedy a déposé un projet de loi de 5 milliards pour favoriser l'engagement communautaire des gens. Je pense qu'on doit inciter les gens d'ici à faire de même. À s'investir. À redonner. Je planche sur un programme pour inciter les gens à donner du temps à titre de bénévoles. D'ici cinq ans, beaucoup de gens prendront leur retraite. C'est le temps d'implanter quelque chose comme ça. Pour que les gens qui iront à la retraite puissent se trouver une cause et donner de leur temps. On sera prêts pour lancer un projet pilote à l'automne. Actuellement, les gens ne s'engagent pas parce qu'ils ne savent pas où aller et parce qu'ils ne sont pas sollicités. Il faut trouver un moyen pour que les gens s'investissent.