Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, aura dimanche à Montréal une rencontre déterminante avec les représentants des hémato-oncologues québécois afin de déterminer les mesures à prendre devant les taux d'erreur anormaux dans le dépistage de cancer du sein.

Des patients pourraient être rappelés, a-t-il convenu vendredi en conférence de presse. «On peut penser qu'il y a des gens qui ont été traités et qui n'auraient pas dû l'être, et d'autres qui ne l'ont pas été et qui aurait dû» a soutenu le ministre Bolduc.

Il a précisé que des employés de l'Institut national de santé publique avaient eu le mois dernier le protocole et les résultats de l'enquête «préoccupante» menée par le Dr Louis Gaboury. Dans des «coups de sonde», le médecin avait constaté que 15 à 20 % des cas de cancer du sein avaient reçu le mauvais traitement. Pour le ministre Bolduc, il s'agit d'une étude préliminaire. Il faudra un plus grand nombre de cas pour tirer des conclusions solides, mais il a reconnu avec le médecin Gaboury que les résultats étaient «explosifs» et révélaient des différences difficiles à expliquer entre les laboratoires au Québec.  

Les employés affectés à la ligne spéciale pour répondre aux inquiétudes des malades n'ont pas grand-chose à dire pour l'instant, convient-il. Tout au plus, ils indiquent que le ministère est au courant du problème et qu'une décision sera prise sous peu, a expliqué vendredi le ministre.

Plus tôt, à l'Assemblée nationale, M. Bolduc avait soutenu que son ministère était toujours à colliger l'information autour des constats du Dr Gaboury, Ce dernier, à partir des échantillons prélevés sur 15 patientes, a demandé des tests à 25 laboratoires de pathologie, qui ont répondu avec un taux d'erreur de 15 à 20%. Dans trois cas, le taux d'erreur atteignait 30%. Jusqu'ici, le Dr Bolduc avait soutenu avoir pris connaissance de ce constat inquiétant mercredi dernier seulement, lors de la diffusion d'un reportage à Radio-Canada. Vendredi, il a reconnu que des fonctionnaires avaient les résultats, mais non les conclusions, depuis avril dernier.

Membre d'un comité avec le Dr Gadoury, une employée de l'Institut national de santé publique du Québec, un organisme gouvernemental qui relève de lui, avait reçu ces données. Il y avait eu au même moment une présentation des conclusions par l'Association des pathologistes. Son ministère est à mettre en place un système de vérification des diagnostics externes aux hôpitaux, a-t-il expliqué. Il y a des hôpitaux qui ont déjà un système d'évaluation de qualité externe. «C'est ce qu'on veut mettre en place» a dit le ministre.

Indice de l'embarras du gouvernement, c'est le premier ministre Jean Charest qui a, d'entrée de jeu, tenu à répondre aux questions sur cette crise. «Je veux assurer qu'on recherche les faits avec beaucoup de diligence actuellement, reconnaissant l'anxiété que doivent vivre des milliers de femmes qui s'interrogent actuellement sur le diagnostique et le traitement qu'elles ont reçu», a précisé M. Charest. «On va poser tous les gestes que nous devons poser pour protéger la santé de ses femmes» a-t-il soutenu.

Pour la chef péquiste Pauline Marois, des signaux avaient depuis longtemps été envoyés au gouvernement que le système de diagnostic des pathologistes était défaillant. Pour M. Drainville, la ligne téléphonique proposée par le gouvernement ne fonctionnait pas ce matin.

«On veut s'assurer d'avoir les faits pour donner la bonne information. Pire que l'absence d'information, c'est de fournir de mauvaises informations. On la donnera le plus vite possible. Au Québec, on a une excellente équipe de pathologistes qui travaille dans un contexte dans lequel il y a des améliorations à apporter», a répliqué le Dr Bolduc. On est bien loin de Terre-Neuve où certains cas identifiés n'avaient pas eu le traitement requis, selon lui.