Même si tout semble bien aller à la résidence Outremont, l'établissement est tout de même confronté à son lot de difficultés. «Le plus difficile, c'est l'offre de soins. Quand l'état d'un résidant s'alourdit, c'est difficile d'obtenir de l'aide», dit la directrice de l'établissement, Line Vincelli.

Au Québec, les centres de santé et de services sociaux (CSSS) ont le mandat d'offrir des soins aux aînés en perte d'autonomie qui sont hébergés dans des résidences privées. Des infirmières des CSSS doivent se rendre dans les résidences pour soigner les aînés. Mais la majorité des CSSS sont incapables de répondre à la demande.

 

«Dans les CSSS, on manque de personnel pour être en mesure d'offrir des soins dans les résidences privées», a reconnu Ginette Leblanc, de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), lors d'un congrès tenu cet hiver.

Sans l'aide des infirmières des CSSS, les résidences privées sont débordées. «On doit parfois envoyer une résidante ailleurs parce que son état est trop lourd pour nous. Ça nous déchire le coeur chaque fois, dit Mme Vincelli. En plus, c'est illogique. Une infirmière qui viendrait ici m'aider coûterait peut-être 30$ par jour. Ça coûte pas mal plus cher d'envoyer les résidants en CHSLD!»

Parce qu'il n'y a pas de place en CHSLD, les résidants sont fréquemment dirigés vers l'hôpital. «Souvent, c'est là qu'ils meurent», dit la directrice.

Facture salée

Malgré ces difficultés, Mme Vincelli est persuadée que les petites résidences privées peuvent plus facilement répondre aux besoins des résidants. «On les connaît mieux et on a plus de temps pour répondre à leurs attentes», dit-elle.

Mais financièrement, Mme Vincelli reconnaît que la marge de manoeuvre est beaucoup plus mince.

En avril dernier, elle a vu le montant de la prime qu'elle doit verser chaque année à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) passer de 6000$ à 14 000$. Bouleversée, Mme Vincelli devra facturer ce surplus à ses résidants, sous peine d'être déficitaire.

«Je n'ai eu aucun accident de travail en 10 ans. Mais ma prime augmentera quand même. C'est révoltant!» dit-elle.

Le problème, c'est que beaucoup d'accidents de travail ont lieu chaque année dans les résidences privées pour personnes âgées. La CSST a donc été obligée de revoir à la hausse le montant des primes de ces établissements.