Déjà confronté à une pénurie de personnel, le réseau de la santé devra recruter de 13 000 à 16 000 travailleurs de plus chaque année dès 2010. Un véritable casse-tête pour les gestionnaires.

Qu'il s'agisse du personnel en soins infirmiers, des pharmaciens en établissement, des orthophonistes, des ergothérapeutes, des physiothérapeutes ou des inhalothérapeutes, toutes les catégories d'emplois sont touchées.

Le problème est tel qu'il figure au coeur des discussions de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) qui tient son congrès annuel aujourd'hui et demain, à Montréal.

«Quand on demande aux gens le principal problème dans le réseau, ce qui revient continuellement, outre le financement, c'est la question des ressources humaines, du renouvellement de la main-d'oeuvre. On commence à ressentir les effets de la pénurie», explique la directrice générale de l'AQESSS, Lise Denis.

Le problème de pénurie se posera avec encore plus d'acuité dans les prochaines années. Selon les prévisions du ministère de la Santé et des Services sociaux, il manquera près de 5000 infirmières et 150 pharmaciens en établissement à l'échelle de la province l'an prochain.

Il faudra recruter massivement. À compter de 2015, avec les nombreux départs à la retraite, les besoins seront encore plus criants. Le réseau devra alors trouver de 18 000 à 21 500 nouveaux travailleurs par année. «Les années les plus difficiles sont entre 2010 et 2015 parce que c'est à ce moment qu'il y aura le plus de gens susceptibles de prendre leur retraite. C'est pour cette raison qu'on en parle (au congrès). On pense qu'il faut poser des gestes encore plus structurants», ajoute Mme Denis.

La situation n'est déjà pas rose. La pression est forte dans le milieu de la santé. Le personnel est épuisé. Plusieurs se découragent et quittent le réseau public après quelques années seulement, en quête d'une meilleure qualité de vie.

Consciente de la situation, l'AQESSS a d'ailleurs mandaté la firme CROP pour sonder l'état d'esprit des employés du réseau. Un sondage exclusif qui sera dévoilé ce matin dans le cadre du congrès et qui devrait permettre de mieux cibler les actions pour favoriser la rétention du personnel et le recrutement.

La pénurie ne touche d'ailleurs plus seulement la grande région de Montréal et l'Outaouais, comme ce fut longtemps le cas. Elle s'étend à d'autres régions comme la Côte-Nord et l'Abitibi-Témiscamingue. Elles aussi doivent maintenant faire appel à du personnel des agences privées ou recourir aux heures supplémentaires obligatoires.

Pour combler les besoins, le recrutement ne sera pas suffisant. Il faut changer les façons de faire, croit Lise Denis.

Déjà, des projets de réorganisation du travail sont en cours.

L'hôpital Maisonneuve-Rosemont, par exemple, a intégré 200 infirmières auxiliaires. Elles prêtent main-forte aux infirmières des urgences. Ailleurs, des infirmières auxiliaires ont aussi été embauchées pour aider le personnel en place, notamment au bloc opératoire et pour les services de maintien à domicile.

L'AQESSS se fixe trois cibles. «Il faut augmenter le nombre de travailleurs qui entrent, travailler avec ceux qui sont susceptibles de partir pour les retenir au travail et réorganiser le travail pour mieux organiser le personnel qu'on a dans des tâches pour lesquelles ils sont formés», dit Mme Denis.