Québec a pris sa décision: malgré des changements majeurs au CHUM depuis un an, il n'y aura pas de nouvelles consultations publiques. On a plutôt choisi d'adopter un décret, dont la version préliminaire a été publiée en douce samedi dans la Gazette officielle.

Ce décret, obtenu par La Presse, vient modifier substantiellement le projet de Centre hospitalier de l'Université de Montréal, tel que détaillé dans un règlement de la Ville de Montréal adopté en juin 2008. Ce règlement se voulait notamment une réponse aux consultations publiques tenues à l'automne 2006, auxquelles avaient participé plus de 400 personnes.

Or, comme le révélait La Presse le mois dernier, le projet de CHUM a été tellement modifié depuis juin 2008 qu'une nouvelle ronde de consultations publiques était techniquement nécessaire. Samedi, Québec a plutôt officialisé sa décision de couper court à cette obligation en adoptant un décret.

«Le projet a subi des bonifications importantes à l'été 2008, lors de l'arrivée en poste de M. Bolduc comme ministre de la Santé, explique Marie-Ève Bédard, attachée de presse. Le ministre a été interpellé par les représentants des médecins, notamment sur le nombre de lits et de salles d'opération. On a jugé qu'il fallait revoir le projet à la hausse.»

Pressions des élus montréalais

Ce sont les élus montréalais, tant le maire Gérald Tremblay que le chef de l'opposition Benoit Labonté, qui ont demandé un «autre canal plus rapide» qu'une nouvelle ronde de consultations, précise Mme Bédard.

D'entrée de jeu, le décret déclare le quadrilatère autour de l'hôpital Saint-Luc «zone d'intervention spéciale», ceci dans le but de résoudre un problème d'aménagement urgent et grave.

«L'absence d'un équipement hospitalier apte à répondre adéquatement aux besoins de santé actuels est une situation grave, de nature à porter préjudice en matière de santé aux citoyens de la grande région de Montréal et de l'ensemble du Québec.»

Il est important, précise-t-on dans le document, de construire le CHUM «le plus rapidement possible». Dans ce but, le décret modifie à sept endroits le règlement de la Ville pour le rendre conforme au «nouveau» projet. On y établit que la hauteur maximale des bâtiments sera de 85 mètres au lieu de 80. Le nombre d'espaces de stationnement, qui devait initialement être de 1100, est augmenté à 2052. Pour préserver une partie de l'église Saint-Sauveur, on précise que toute construction érigée sur ce terrain doit intégrer son clocher. Enfin, on modifie certaines exigences techniques de densité de construction pour permettre la démolition de l'hôpital Saint-Luc.

Légalement, un décret instituant une zone d'intervention spéciale doit d'abord faire l'objet d'un projet de décret - comme celui publié samedi dernier - sur lequel des consultations peuvent être tenues. Pas question cependant de refaire la vaste opération de l'automne 2006. « Il pourrait y avoir une ou deux journées de consultations, les détails ne sont pas encore fixés », précise Mme Bédard. On ignore si ces consultations seront ouvertes à la population ou prendront la forme d'une étude en commission parlementaire.