Les Québécois devraient s'abstenir de se rendre au Mexique, selon le premier ministre Jean Charest, qui a changé son fusil d'épaule au cours de la journée de lundi dans ce dossier.

En début d'après-midi, il ne voyait pas de problème à aller lui-même au Mexique, malgré l'épidémie de grippe porcine qui y sévit, et recommandait aux voyageurs québécois de ne pas modifier leurs plans.

Mais en fin de journée, son discours avait changé.

«Je ne veux pas encourager les Québécois à aller au Mexique. Dans les circonstances, s'ils peuvent éviter d'y aller, si ce n'est pas nécessaire, je pense qu'il vaut mieux ne pas y aller», a-t-il tranché, lors d'un second point de presse, à l'issue de l'étude des crédits du Conseil exécutif.

«Le risque semble augmenter beaucoup, le nombre de cas augmente d'heure en heure», a-t-il ajouté, pour justifier sa volte-face, en mettant de côté le ton rassurant qu'il avait adopté à peine quatre heures plus tôt.

En début d'après-midi, il déclarait qu'on n'était pas rendu, au Québec, «au point où on va dire aux gens de rester (chez eux)».

Il n'est toujours pas question, pour l'instant, d'interdire l'entrée au pays des 3100 Mexicains attendus dans les fermes québécois pour le travail saisonnier.

Mais «on va prendre les mesures nécessaires pour s'assurer que les gens arrivent en bonne santé, pour eux personnellement, et pour la sécurité de tout le monde», a dit M. Charest.

Les autorités fédérales ont annoncé lundi que les travailleurs agricoles mexicains devront se soumettre à un examen médical juste avant de partir à destination du Canada.

«On a besoin d'eux dans notre économie», a dit M. Charest.

Aucun cas de grippe porcine n'a encore été découvert au Québec, mais deux personnes sont sous observation.

M. Charest a aussi indiqué qu'un groupe de travail, dirigé par le ministère de la Sécurité publique, avait été mis sur pied pour surveiller l'évolution des choses.

En soirée, après l'étude des crédits, le premier ministre participait à une rencontre avec les membres de ce groupe de travail, issus des différents ministères touchés.

«Nous allons suivre la situation très attentivement», a-t-il dit, qualifiant la situation de «sérieuse».

Quant à elle, la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, a dit qu'il n'y avait pas de risque à prendre avec cette maladie.

«On parle d'une pandémie potentielle. Cela veut dire une épidémie à la grandeur de la planète, avec les risques de contamination, de contagion et la non-disponibilité de vaccins», a-t-elle dit en point de presse.