Environ 75 travailleurs agricoles mexicains sont arrivés à Montréal, lundi, et tous ont assuré avoir été examinés par un médecin avant leur départ. Des voyageurs en provenance du Mexique ont toutefois déploré que les douaniers canadiens ne leur aient posé aucune question sur leur état de santé à leur arrivée à Montréal.

Portant une casquette et le sourire aux lèvres, des Mexicains ont atterri à l'aéroport Montréal-Trudeau, lundi soir.

Les 10 travailleurs interrogés par La Presse ont tous assuré qu'ils avaient subi un examen médical à l'aéroport de Mexico, tel que l'exige le gouvernement de Stephen Harper. Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a annoncé aux Communes que les travailleurs mexicains rencontreraient deux médecins avant de prendre l'avion vers le Canada pour s'assurer qu'ils ne sont pas porteurs du virus de la grippe porcine.

«Nous avons pris des mesures supplémentaires pour nous assurer de la santé des Canadiens. Tous les travailleurs étrangers et temporaires du Mexique sont désormais tenus de se soumettre à un examen de santé avant leur départ. Cela comprend un questionnaire, un examen physique par deux médecins. Cet examen sera effectué avant le départ», a affirmé M. Kenney.

«Ils ont pris notre température, vérifié nos yeux, notre pression sanguine. Le médecin m'a demandé si j'étais fatigué ou si je présentais d'autres symptômes», a assuré Baldomaro Flores Alvarez, de l'État de Toluca.

Des travailleurs, dont Juan Robles et Manual Gomez, ont toutefois affirmé qu'ils avaient rencontré un seul médecin à l'aéroport de Mexico. Ces derniers ont également indiqué que les douaniers canadiens ne les avaient pas questionnés sur leur état de santé à leur arrivée à Montréal.

Des Québécois qui sont revenus du Mexique lundi ont également affirmé que les douaniers ne leur avaient posé aucune question relativement aux symptômes de la grippe porcine. Pourtant, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) avait assuré dans la journée que «les agents de l'ASFC référeront à un agent de quarantaine toute personne présentant des symptômes de la maladie tels que fièvre, frissons, toux grave et/ou de détresse respiratoire.»

«Si je ne déclare pas mes symptômes et que je ne tousse pas au visage du douanier, comment peut-il savoir si j'ai la grippe?» s'est questionnée Kim Campbell, qui revenait d'un séjour de quatre jours à Guadalajara, au nord-est du Mexique.

Elle avait fait un escale à Chicago avant d'atterrir à Montréal en début de soirée. Les autorités mexicaines et américaines ne l'ont pas non plus interrogée sur son état de santé, assure Mme Campbell, qui ne présente aucune symptôme associé à la grippe porcine.

«Je me pose des questions, a dit Julie Dessureault, qui revenait d'un séjour de 10 jours à Mexico et Guadalajara. Je me demande si je dois entrer en contact avec mes jeunes enfants. Mais il faut croire que les autorités canadiennes, elles, ne s'en posent pas beaucoup.»

D'autres voyageurs qui débarquaient d'un vol direct de Mexico ont toutefois assuré que les douaniers canadiens, qui portaient des masques sanitaires, les ont questionnés sur leur état de santé. Lundi soir, il n'y avait plus de réponse au bureau des communications de l'ASFC.

48 heures d'observation

René Mantha, directeur général de la Fondation des entreprises en recrutement de main-d'oeuvre étrangère, était venu accueillir les travailleurs mexicains lundi soir. Le fait que les douaniers canadiens n'aient pas posé de questions relatives à la grippe porcine ne l'inquiétait pas. «Les 75 ont été examinés au Mexique, et aucun d'entre eux ne présentait de symptômes», a-t-il dit.

Sa Fondation a demandé à l'Institut de santé publique du Québec de préparer un protocole d'intervention destiné aux producteurs agricoles qui accueilleront cette année les travailleurs mexicains. En tout, quelque 6000 étrangers travailleront pour des producteurs agricoles du Québec, dont la moitié viennent du Mexique.

«Les voyageurs qui viendraient tout juste de contracter la grippe porcine ne présenteraient pas nécessairement de symptômes à leur arrivée à l'aéroport », a souligné René Mantha, directeur général de la Fondation.

D'ici l'arrivée du protocole, M. Mantha enverra une lettre aux producteurs agricoles ce matin pour leur conseiller de garder les travailleurs à domicile pendant les 48 premières heures pour surveiller leurs symptômes et éviter une éventuelle propagation.

- Avec Stéphanie Bérubé