Le Collège des médecins du Québec a signé une entente hier avec son vis-à-vis ontarien afin de faciliter la mobilité de la main-d'oeuvre entre les deux provinces. Puisque les revenus des médecins sont jusqu'à 50% plus élevés en Ontario, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) craint que la nouvelle entente n'entraîne un exode de ses membres.

«Le Québec est la risée du Canada en termes de rémunération de ses médecins. Je vous garantis qu'il n'y aura pas beaucoup de médecins ontariens qui viendront ici», dit le président de la FMSQ, le Dr Gaétan Barrette.La nouvelle entente conclue entre le Collège des médecins du Québec et le Collège des médecins et chirurgiens de l'Ontario facilite l'obtention de permis de pratique. «Avant, les médecins ontariens devaient passer des examens avant de venir pratiquer au Québec. Et vice-versa. Plus maintenant», dit le président du Collège des médecins du Québec, le Dr Yves Lamontagne.

Obtenir un permis de pratique dans une autre province prenait auparavant des semaines. Désormais, la démarche prendra de 24 à 48 heures.

Les médecins ontariens qui voudront venir travailler au Québec devront toutefois passer un test de français. «Ils auront quatre ans pour répondre aux exigences», dit le secrétaire du Collège des médecins du Québec, le Dr Yves Robert.

Le Dr Lamontagne explique que la principale raison ayant mené à la signature de cette entente est l'Accord sur le commerce intérieur, en vigueur depuis le 1er avril. Cet accord vise à faciliter la mobilité de la main-d'oeuvre au Canada. «Nous répondons en partie à une commande de nos gouvernements respectifs», dit le Dr Lamontagne. «Nous n'avions pas le choix», confirme le registraire du Collège des médecins et chirurgiens de l'Ontario, le Dr Rocco Gerace.

Même s'il ne veut pas «dramatiser la situation», le Dr Lamontagne reconnaît que la nouvelle entente pourrait créer un exode des médecins québécois vers l'Ontario, surtout dans les zones limitrophes comme l'Outaouais. «Mais si ça arrive, ce sera à petite échelle, dit-il. Vous savez, ça existe encore la fraternité. Des Ontariens voudront venir prêter main-forte à leurs collègues québécois.»

Pour le Dr Barrette, la seule raison qui incitera les médecins ontariens à venir au Québec est «la charité». «Les médecins québécois gagnent entre 35% et 50% de moins. Pourquoi un Ontarien viendrait-il ici? demande-t-il. Si le Québec uniformise les conditions de travail de ses médecins, l'entente d'aujourd'hui sera une bonne nouvelle. Sinon, il y aura exode.»

La Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) prévoit elle aussi que plusieurs jeunes médecins préféreront travailler en Ontario. Avec les plans régionaux d'effectifs médicaux (PREM), les médecins finissants «ont de moins en moins d'autonomie et de latitude quant au choix de leur lieu et de leur type de pratique au Québec», déplore la FMRQ. «Certains d'entre eux pourraient préférer s'établir en Ontario où ils sentiront qu'ils bénéficient d'une plus grande autonomie professionnelle, de meilleures conditions de travail», ajoute la FMRQ.

Fin juin 2009, une entente de mobilité entre la France et le Québec entrera aussi en vigueur. Pour les médecins résidents, cette entente «ouvrira de nouveaux horizons» aux jeunes médecins.

Comparaison des salaires

Salaire annuel moyen d'un omnipraticien Au Québec: 159 000$ Ailleurs au Canada: 229 000$ Salaire annuel moyen d'un médecin spécialiste Au Québec: 233 000$ Ailleurs au Canada: 342 000$