Les blocs opératoires constituent un terreau fertile pour l'implantation de la méthode Toyota, qui favorise une meilleure organisation du travail, croit le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

Lorsqu'il était directeur général par intérim de l'hôpital de Val-d'Or, le Dr Bolduc avait d'ailleurs implanté cette méthode, aussi appelée méthode Lean, mot anglais qui signifie «maigre, sans gras». Résultat, le bloc opératoire avait amélioré son efficacité de 20%, affirme-t-il.

 

«Il ne s'agit pas de travailler plus fort, mais de travailler différemment afin d'augmenter le nombre de cas», explique le ministre en entrevue à La Presse.

Avec une meilleure organisation, un hôpital qui ferait 10 opérations de la cataracte par jour pourrait porter ce nombre à 12, une augmentation de 20%, explique M. Bolduc.

Le ministre y croit au point d'avoir demandé à tous les établissements de santé d'implanter au moins un projet Lean. L'Agence de santé et de services sociaux de Montréal est d'ailleurs en train d'étudier la façon d'implanter cette méthode dans les blocs opératoires des hôpitaux de l'île. Cette initiative fait suite à la tournée des blocs opératoires entreprise par les médecins spécialistes et le ministère de la Santé.

La méthode Lean est bonne, mais elle a des limites, croit pour sa part le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Gaétan Barrette. Une meilleure organisation du travail ne permettra pas de régler tous les problèmes des blocs opératoires, de réduire le nombre d'annulations et d'effacer complètement les listes d'attente.

Il faut du financement additionnel, particulièrement pour l'achat de matériel dans les salles d'opération. C'est même une condition essentielle au début d'une deuxième tournée de blocs opératoires, à compter du mois d'avril, dit-il.

Lors de la première tournée, en 2008, le Ministère avait promis d'accorder une enveloppe pour acheter du matériel, surtout de petits instruments, ainsi que pour embaucher du personnel là où cela s'avérerait nécessaire.

On a ainsi investi 10 millions de dollars. Le constat préliminaire à la suite de la tournée révèle aujourd'hui une augmentation de 10% du nombre d'interventions pratiquées dans les hôpitaux où un plan d'action a été mis en place.

«Ces progrès confirment ce qu'on a toujours dit: on manque de ressources. L'achat des instruments a eu un effet sur le débit», fait valoir le Dr Barrette.

Il craint toutefois que cette vision ne soit en opposition avec celle de la méthode Lean préconisée par le ministre.

«Les problèmes que l'on constate ont des coûts. La méthode Lean peut participer à l'amélioration de la productivité, mais il y a des coûts incontournables, et s'ils ne sont pas couverts la tournée ne donne rien», soutient le Dr Barrette.

Le ministre Bolduc assure qu'il tendra l'oreille à des demandes raisonnables. «Les hôpitaux ont également une enveloppe budgétaire pour les blocs opératoires», mentionne-t-il.