Un baby-boomer sur cinq au Québec sera atteint d'Alzheimer d'ici l'année 2020, selon la ministre des Aînés, Marguerite Blais; des statistiques qui inquiètent surtout lorsqu'on constate qu'on dénombrait déjà 97 000 Québécois atteints de cette maladie en 2008.

Ces chiffres ont été évoqués par Mme Blais, dimanche, en conférence de presse à Laval, alors qu'elle a annoncé certains détails entourant la création d'un fonds de 200 millions $ sur 10 ans pour venir en aide aux aidants naturels, particulièrement ceux qui s'occupent d'un aîné atteint d'Alzheimer. L'argent qui sera ainsi investi avait déjà été annoncé dans le budget 2008-2009 du gouvernement Charest.Mais ce n'est que mercredi dernier que la ministre a déposé le projet de loi à l'Assemblée nationale, instituant le Fonds de soutien aux proches aidants des aînés. Le gouvernement du Québec y investira 150 millions $, soit 15 millions $ par année provenant des revenus de la taxe sur les produits du tabac.

L'autre 50 millions $, soit 5 millions $ par année, va provenir d'une fiducie de la famille d'André Chagnon, Sojecci II ltée.

L'objectif est d'accroître l'aide aux proches aidants, souvent en détresse, qui ont évoqué lors des consultations publiques sur les conditions de vie des aînés, à l'automne 2007, qu'ils avaient besoin d'être formés et accompagnés. Le soutien qui leur sera apporté par l'entremise de ce fonds doit aussi leur permettre d'avoir un peu plus de répit.

Si Mme Blais reconnaît que l'Alzheimer n'est pas une maladie du vieillissement, elle constate tout de même un lien avec l'âge puisque «33 pour cent des personnes atteintes ont 80 ans et plus». Selon la ministre, «les proches qui soutiennent les personnes atteintes de la maladie le font sur une période qui s'étend entre huit et 12 ans. C'est donc une maladie qui demande beaucoup d'attention de tous les instants».

Au moins 75 pour cent des sommes investies dans ce fonds de soutien seront consacrées aux proches aidants de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou de maladies qui y sont apparentées. L'autre 25 pour cent de l'enveloppe servira à venir en aide aux proches aidants de personnes atteintes d'autres incapacités.

Selon la ministre Marguerite Blais, il sera aussi possible pour le gouvernement ou d'autres philanthropes d'ajouter des sommes additionnelles dans ce fonds dans le futur. Elle estime que toute nouvelle entrée d'argent pourrait notamment servir à offrir plus de services aux aidants naturels qui s'occupent d'un proche atteint d'une autre maladie que l'Alzheimer.

Pour le moment, les efforts seront surtout consacrés à augmenter les services qui sont déjà offerts aux aidants naturels dans les 18 agences de la santé et des services sociaux.

Maintenant que le projet de loi a été déposé, celui-ci doit tout de même passer à travers le processus d'une commission parlementaire. Ce n'est qu'une fois cette étape complétée et que le projet de loi sera adopté que le ministère de la Famille et des aînés fera le transfert de l'argent dans une société de gestion. Sur les 10 personnes qui y travailleront, cinq seront nommées par le gouvernement et les cinq autres par la fondation de la famille Chagnon.

Mme Blais souligne d'ailleurs l'importance de ce partenariat avec les membres de la famille Chagnon, connus notamment pour leurs oeuvres caritatives auprès des enfants et de la jeunesse. Elle a même qualifié ce type de partenariat de «jamais vu» et «d'innovateur».