La salle des urgences de l'Hôpital de Montréal pour enfants enregistre présentement les plus forts achalandages de son histoire. Équipée pour accueillir en moyenne 180 patients par jour, elle reçoit depuis une semaine plus de 340 patients.

Des dizaines de parents inquiets de voir leur enfant malade et qui n'ont pas accès à des soins de première ligne envahissent la salle des urgences, souvent sans raison, selon le personnel médical.

Cette semaine, environ 60 % des patients qui se présentent à la salle des urgences de l'Hôpital de Montréal pour enfants n'ont pas réellement besoin de soins urgents, estime le chef des urgences, le Dr Harley Eisman. « La majorité des parents s'inquiètent parce que leur enfant fait de la fièvre. Et parce qu'ils n'ont pas toujours accès à des soins de première ligne, ils viennent ici », dit-il.

Conséquence : la salle des urgences déborde. Alors qu'en temps normal, les enfants attendent moins de quatre heures avant de voir un médecin, ces jours-ci, ils attendent près de neuf heures. « Notre urgence a toujours été occupée au mois de février. Mais là, on vit un record Guinness ! » dit le Dr Eisman.

Hier après-midi, la pression causée par l'afflux inhabituel de patients était palpable. Dans la salle d'attente, des enfants pleuraient. Exaspérés, des parents se plaignaient du long temps d'attente.

Dans le brouhaha, un enfant laissé sans surveillance déplaçait une bonbonne d'oxygène. « À qui est cet enfant ? » a lancé une infirmière en écartant doucement le bambin. Une mère s'est avancée. « Il faut surveiller votre enfant, madame. La bonbonne n'est pas un jouet », a dit l'infirmière avant de courir s'occuper d'un autre patient.

Apprivoiser la fièvre

Selon le Dr Eisman, les maladies grippales sont très courantes ces temps-ci et il ne faut pas nécessairement paniquer avec la fièvre. « La fièvre en tant que telle n'est pas dangereuse. Il faut plutôt être attentif à la condition générale de l'enfant », dit-il.

Par exemple, un jeune qui fait de la fièvre, mais qui continue de boire, de s'alimenter et qui conserve une relative énergie ne devrait pas se présenter aux urgences. La consommation de médicaments contre la fièvre pourra le soulager. « Mais si l'enfant fiévreux a moins de trois mois ou s'il est amorphe, qu'il ne mange et ne boit pas, il faut aller à l'urgence », explique le Dr Eisman.

S'ils ont des questions, les parents peuvent toujours appeler Info-Santé ou consulter leur pharmacien. Selon le Dr Eisman, la majorité des virus grippaux se résorbent en trois à cinq jours.

Depuis quelques mois, l'Hôpital de Montréal pour enfants a mis sur pied un système de traitement rapide aux urgences. Un médecin s'occupe uniquement des cas non urgents afin que l'attente soit moins longue. « Mais même avec ce système, nous ne pouvons pas gérer les volumes de clientèle actuels. On aurait besoin de deux salles d'urgence ! » dit le Dr Eisman.

À l'autre hôpital pédiatrique de Montréal, le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, l'achalandage est aussi important ces jours-ci. Environ 200 patients se présentent aux urgences chaque jour. « C'est beaucoup », confirme la porte-parole de l'établissement, Mélanie Dallaire.