Le remplacement forcé des vieilles conduites d'eau résidentielles en plomb, à Montréal, a débouché sur un appel à l'échantillonnage dans l'ensemble des municipalités du Québec. Sans avoir décelé de problèmes au robinet, même la Ville de Laval a senti le besoin de demander à ses citoyens de vérifier la présence d'une entrée de service en plomb dans leur maison.a

L'Ontario a suivi l'exemple du Québec en rendant l'échantillonnage obligatoire dans 36 municipalités, dont Toronto. Le protocole d'intervention de Montréal, mis sur pied en collaboration avec la Direction de la santé publique de Montréal au cours des deux dernières années, a même incité le ministère de l'Environnement à produire un Guide d'aide à la décision en matière d'eau potable, qui sera publié d'ici au printemps.

Dans un article paru en début de semaine, La Presse a révélé qu'un programme de remplacement des conduites en plomb dans les sous-sols de quelques milliers de maisons de Montréal, dont plusieurs ont été construites à la fin de la guerre pour les anciens combattants, coûtera au bas mot 270 millions de dollars en 20 ans. L'argent proviendra à environ 90% du Fonds de l'eau, constitué à même une surtaxe imposée il y a quatre ans.

Peu de municipalités

Parmi toutes les municipalités québécoises qui se sont soumises à l'échantillonnage au cours des étés 2006 et 2007, seulement quatre sont revenues avec des taux anormalement élevés en plomb. Il s'agit de l'eau prélevée dans de vieux quartiers de Magog, Saint-Pamphile, Saint-Sévère et Huberdeau. Après une seconde ronde de tests et un ajustement du pH à l'aide de produits chimiques, ces municipalités ont toutefois ramené des résultats conformes aux normes de santé nouvellement établies de 0,01 mg au litre.

Au ministère du Développement durable et de l'Environnement, Michel Vallières, directeur de la politique de l'eau, explique que la campagne auprès des municipalités n'a pas démontré de «situations préoccupantes».

Néanmoins, selon l'information dont dispose le Ministère, qui remonte à 1994, il y aurait approximativement 100 000 entrées d'eau en plomb encore en usage dans les résidences québécoises, sans compter les 75 000 de Montréal à remplacer. Les seules régions apparemment épargnées seraient la Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent, les Îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord et le Nord-du-Québec. Peu de conduites en plomb ont été installées après les années 1970.

Pour joindre notre journaliste: sara.champagne@lapresse.ca

COMMENT VÉRIFIER LA PRÉSENCE D'UNE ENTRÉE DE SERVICE EN PLOMB

L'installation d'entrées de service en plomb a été interdite par le Code de plomberie en 1980. Il est parfois possible de vérifier la conduite d'eau potable située juste avant le robinet à l'entrée d'eau de son bâtiment. Ce robinet situé au sous-sol des résidences et la conduite d'entrée d'eau sont visibles si des cloisons intérieures n'ont pas été installées. Une conduite en plomb est de couleur gris métallique lorsqu'on gratte légèrement sa surface extérieure, elle n'a pas de résonance quand on la frappe avec un objet métallique et est inerte lorsqu'on approche un aimant. En cas de doute, il faut contacter la municipalité.

Source: Ministère du Développement durable et de l'Environnement