Selon les calculs du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec, il faudrait engager 1807 infirmières pour éliminer les heures supplémentaires obligatoires. Mais même si le gouvernement engageait demain matin des centaines d'infirmières, les listes d'attente continueraient de s'allonger, selon l'économiste Mathieu Laberge du groupe de recherche CIRANO.

M. Laberge estime que le gouvernement évalue mal la pénurie d'infirmières. Sans entrer dans les détails, il explique que si, un ajustement méthodologique était appliqué, la pénurie diminuerait de 16 à 18%.

 

Et si l'on prenait des mesures pour encourager les infirmières à travailler 10% de plus, la pénurie pourrait être réduite jusqu'à 25%, croit-il.

Le MSSS estime qu'il manque actuellement 671 infirmières à Montréal. L'ajustement méthodologique et une hausse de l'intensité du travail des infirmières feraient baisser la pénurie à 492, estime le chercheur.

Pour diminuer encore plus la pénurie d'infirmières, M. Laberge propose d'autres solutions. Il n'écarte pas l'idée d'un ticket modérateur qui permettrait de réduire la demande de services.

Soumissionner les heures supplémentaires

Il croit aussi qu'un système de soumission des heures supplémentaires devrait être instauré dans les hôpitaux. «Les infirmières intéressées à combler un quart de travail devraient déposer une mise, explique-t-il. Celle qui aurait mis l'enchère la plus basse gagnerait. L'établissement paierait moins cher ses heures supplémentaires et les infirmières intéressées seraient payées plus cher que le salaire normal.»

M. Laberge reconnaît toutefois que les conventions collectives des hôpitaux limiteraient de telles mesures. Il rappelle que les infirmières à temps partiel qui voudraient travailler à temps plein devraient aussi être accueillies dans le réseau.

Surtout, il martèle que l'embauche de centaines d'infirmières ne réglera pas à elle seule le problème des listes d'attente. «On calcule combien ça prendrait d'infirmières pour éliminer les heures supplémentaires, mais jamais on ne calcule combien il faudrait d'infirmières pour éliminer les listes d'attente», dit-il.