L'Hôpital général du Lakeshore est dans l'embarras après que le corps d'un nourrisson mort-né eut été trouvé dans la machine à laver d'une blanchisserie de Montréal, vendredi. L'Hôpital a fait son mea-culpa, hier, et reconnu d'emblée qu'une «erreur» était à l'origine de l'incident.

En fin de journée, vendredi, les restes du nouveau-né ont été découverts par les employés de la Buanderie Qualité, à laquelle l'hôpital de Pointe-Claire confie son linge. En état de choc, ils ont immédiatement appelé la direction de l'hôpital, qui a bien été forcée de reconnaître que la dépouille d'un bébé mort-né avait disparu.

«On a fait des vérifications et on a conclu rapidement qu'un corps manquait et que c'était celui-là», a expliqué Louis-Pascal Cyr, porte-parole de l'établissement.

Visiblement secouée, la direction de l'hôpital du Lakeshore a immédiatement ouvert une enquête interne et promis de faire toute la lumière sur les circonstances qui ont fait en sorte que la dépouille se retrouve dans cette machine à laver alors qu'elle aurait dû se trouver à la morgue.

M. Cyr n'a pas été en mesure de fournir le protocole interne de l'hôpital en cas de décès, «mais il n'a pas été respecté», a-t-il reconnu en entrevue à La Presse. «Sans présumer des conclusions de l'enquête, il s'agirait d'une erreur humaine.»

Des employés de la maternité ont déjà été interrogés vendredi et hier. «On ne veut pas jeter de blâme, mais comprendre ce qui s'est passé pour s'assurer qu'une telle situation ne puisse jamais, jamais se reproduire», a dit M. Cyr.

Tout porte à croire qu'un coroner pourrait aussi être chargé du dossier puisque l'un d'eux a pris contact dès vendredi avec l'Hôpital général du Lakeshore, a précisé M. Cyr. La porte-parole officielle du Bureau du coroner n'a toutefois pas été en mesure, hier, de confirmer qu'il y aura bien enquête.

Des poursuites possibles

Mais cette histoire pourrait aussi se transporter devant les tribunaux, estime l'avocat Jean-Pierre Ménard, spécialisé en droit de la santé. Les parents pourraient exiger une compensation pour les dommages moraux qu'ils ont subis. «Les hôpitaux ont des règles strictes à suivre pour offrir à la famille la possibilité de faire des funérailles. La perte d'un enfant est déjà traumatisante, et ce choc supplémentaire pourrait nuire à leur deuil», a-t-il relevé.

L'Hôpital a d'ailleurs dépêché une équipe de psychologues auprès des parents et des travailleurs de la Buanderie Qualité, dont plusieurs ont subi un violent choc nerveux vendredi. «Le tiers de mes employés sont des femmes, des mères, elles sont nerveuses, elles pleurent, c'est très difficile. Personne n'a la tête à travailler», a souligné hier Daniel Hébert, propriétaire de l'entreprise de la rue Fullum.

C'est sa femme, Annie, qui a trouvé les restes du bébé. «Elle les a tenus dans ses mains... C'était la panique, tout le monde pleurait, c'était épouvantable, a-t-il raconté. On trouve parfois des dentiers, des lunettes ou des appareils orthophoniques, mais ce qui s'est passé vendredi ne s'explique pas. Il y a un manque grave à l'hôpital.»