Les femmes qui ont besoin de soins obstétricaux d'urgence pourraient bientôt être en péril. Selon la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC), les 1650 spécialistes qui aident les Canadiennes à accoucher ne suffiront bientôt plus à la tâche.

«Chaque obstétricien fait en moyenne entre 200 et 300 accouchements par année. Ils croulent sous la tâche. Ils sont de garde des centaines d'heures par mois et sont au bout du rouleau. Ils s'inquiètent pour la santé des mères dont ils s'occupent», affirme le vice-président exécutif de la SOGC, le Dr André Lalonde.

 

Lors de chaque accouchement, un obstétricien doit être de garde pour assurer le service s'il y a des complications. Même les sages-femmes qui réalisent des accouchements doivent s'assurer qu'un médecin spécialiste est de garde dans l'hôpital le plus proche pour pouvoir y envoyer leurs patientes en cas de complications.

«Les 50 plus gros hôpitaux du pays engagent plus de 500 obstétriciens. Les autres sont répartis dans les petits hôpitaux. Mais ils ne sont pas assez nombreux. Les femmes des régions ne peuvent plus accoucher près de chez elles. Elles doivent souvent se rendre dans les grands centres pour avoir accès aux obstétriciens», dit M. Lalonde.

Alors que le nombre d'obstétriciens stagne, la demande augmente. Pour la première fois de l'histoire, l'âge moyen des mères qui accouchent est de 30 ans au Canada. «Il y a 15 ans, c'était 20 ans. Étant donné que les mères sont plus vieilles, il y a beaucoup plus de complications. Nos obstétriciens sont de plus en plus sollicités», dit le Dr Lalonde.

Souvent, un obstétricien peut être de garde durant une fin de semaine complète et doit accueillir des patientes à son bureau le lundi suivant. «Les mères demandent des suivis avant et après l'accouchement. Les obstétriciens travaillent de longues heures. Les burn-out sont nombreux», note le Dr Lalonde. Actuellement, plus de 85% des obstétriciens canadiens sont des femmes. Ces dernières recherchent de plus en plus une qualité de vie et délaissent les longues heures.

Pour contrer la pénurie, la SOGC voudrait que les quotas annuels d'embauche en résidence soit augmenté de 30% en obstétrique-gynécologie. «On voudrait aussi qu'il y ait plus de ressources dans les universités pour former les étudiants et qu'il y ait plus de collaboration avec des sages-femmes pour que ces dernières effectuent les accouchements faciles et que les obstétriciens se concentrent sur les complications», précise le Dr Lalonde.