Au moment même où la pénurie de personnel médical est criante, la demande en soins médicaux ne cesse d'augmenter au Québec. Résultat : les hôpitaux font fréquemment face à des ruptures de service. De passage à Montréal hier, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, a demandé aux médecins de «serrer les coudes» et de travailler plus pour maintenir la continuité des soins dans les établissements.

«Quand il y a menace de bris de service dans un hôpital parce qu'un médecin ne s'est pas présenté, la meilleure solution est que ses collègues travaillent plus d'heures que la limite permise pour combler les trous. Il faut arrêter de voir la médecine comme un métier aux horaires fixes», a déclaré M. Bolduc au colloque annuel de l'Association des conseils des médecins, dentistes et pharmaciens du Québec.Selon M. Bolduc, on assiste à une diminution de la «solidarité et de l'engagement» dans les hôpitaux. «La majorité des médecins acceptent de combler les trous. Mais il y a certains établissements où les bris sont si fréquents qu'on a abandonné. Moi, je dis aux médecins de ne pas lâcher.»

Avec le vieillissement de la population, il faut s'attendre à une augmentation rapide de la demande de soins et à une pression accrue sur les médecins, prévoit M. Bolduc. Pour aider le corps médical à répondre à la demande, le ministre a présenté ses stratégies.

Il compte tout d'abord «mettre les patients au bon endroit». Il souhaite que les patients âgés en attente d'hébergement sortent plus rapidement des hôpitaux. «On va augmenter significativement nos investissements dans les soins à domicile», a-t-il dit.

L'offre de soins de première ligne sera aussi accrue. Le ministre étudie la possibilité de greffer des travailleurs sociaux et des nutritionnistes aux groupes de médecine familiale (GMF) afin de «regrouper les soins de première ligne à un endroit».

M. Bolduc compte également surveiller les surcharges de travail. «Les heures supplémentaires obligatoires, je suis contre. Si ça existe, c'est qu'on est mal organisé. Il faut revoir les modes de gestion», a-t-il déclaré.

Pour ce faire, M. Bolduc compte encourager les hôpitaux à adopter la méthode LEEN. Cette fameuse stratégie de gestion, aussi connue sous le nom de méthode Toyota, est très prisée par le ministre. «Dans tout système, entre 20 % et 25 % de ce qu'on fait est inutile. Il faut faire baisser ce pourcentage», dit-il.

M. Bolduc veut continuer à diminuer le temps d'attente aux urgences. «Il faut qu'on gère les urgences non pas en termes de 48 heures, mais en termes de 24 heures», dit-il. L'objectif est donc de prendre des décisions plus rapidement. «Après qu'un patient est resté entre 12 et 16 heures aux urgences, les équipes de soins doivent savoir ce qu'elles feront avec lui», dit-il.