Aux prises avec la plus grave pénurie de personnel du système de santé québécois, les pharmaciens qui travaillent en milieu hospitalier n'en peuvent plus. Depuis le début de l'année, ils ont travaillé avec le ministère de la Santé dans le but de régler leur situation. Mais tout récemment, le gouvernement s'est retiré de l'exercice. Exaspérés, les pharmaciens menacent maintenant d'entamer de sérieux moyens de pression.

Il manque au moins 200 pharmaciens dans les établissements du Québec. Seulement à Montréal, 90 pharmaciens de plus seraient nécessaires pour assurer un service maximal dans les hôpitaux.

 

Depuis quelques années, de moins en moins d'étudiants choisissent d'orienter leur pratique vers les établissements de santé. Ils préfèrent travailler dans le secteur privé, où les conditions de travail sont plus intéressantes.

«On vit une crise de la relève. On devrait recruter au moins 100 jeunes par année pour assurer le renouvellement. Mais on en recrute en moyenne 45», déplore la présidente de l'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), Linda Vaillant.

Une fois qu'ils ont obtenu leur baccalauréat, les étudiants en pharmacie peuvent immédiatement travailler dans le secteur privé. Pour travailler au public, ils doivent obtenir une maîtrise. Pourtant, cette différence de scolarité ne se traduit pas dans les salaires.

Les pharmaciens débutants gagnent en moyenne 78 000$ par année dans le secteur privé, et seulement 65 000$ dans le secteur public. Choisir de travailler au public force aussi les pharmaciens à suivre un horaire de garde et à travailler parfois les soirs et les fins de semaine. «L'écart entre les deux types de pratique est devenu insoutenable», dit Mme Vaillant.

Le ministère de la Santé participait à des discussions avec l'APES depuis le début de l'année afin de trouver des solutions à la pénurie. Mais Mme Vaillant déplore que ces pourparlers soient maintenant interrompus.

Les 1200 membres de l'APES se réuniront le 29 octobre à Drummondville. Ils seront invités à adopter des moyens de pression pour inciter le gouvernement à reprendre les pourparlers.

Mme Vaillant explique qu'on appellera les pharmaciens d'établissement à cesser toute activité complémentaire.

«Le gouvernement nous demande actuellement d'aider à implanter des systèmes de distribution de médicaments robotisés dans les hôpitaux. On veut cesser de participer à ce processus, dit-elle. On cessera l'enseignement aussi, et toute participation aux comités d'experts.»

Au Ministère, on explique que les discussions reprendront lorsque la dernière entente avec les pharmaciens d'établissement arrivera à échéance, soit en 2010.