Les déboires du Centre hospitalier de l'Université de Montréal ont ralenti le projet du Centre universitaire de santé McGill, affirme un haut dirigeant de l'Université McGill.

«Nous sommes satisfaits de la déclaration du ministre Bolduc, qui a dit qu'il allait arrêter de ralentir le CUSM à cause des retards du CHUM», a indiqué le vice-principal à la recherche et aux relations internationales de l'Université McGill, Denis Thérien, en entrevue dans ses bureaux.

 

«Nous avons perdu trois ou quatre ans au départ quand nous avons proposé le projet au premier ministre Bouchard. Il avait dit que c'était une bonne idée, mais qu'il fallait un CHUM aussi.»

À la mi-septembre, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a déclaré dans des entrevues que le CUSM n'aurait plus à attendre le CHUM à chaque étape du développement. «Je ne retarde plus McGill si le CHUM n'est pas prêt à cause de retards qui ne sont pas de notre responsabilité», a dit M. Bolduc.

Le déclic, selon M. Thérien, a été l'octroi de subventions de 100 millions par la Fondation canadienne pour l'innovation au CUSM, à la mi-août, alors que le CHUM n'avait rien reçu. «Pour toucher ces fonds, il faut avoir commencé le projet du centre de recherche du CUSM dans les 18 mois. Ça a imposé un calendrier très rigoureux. Ça a beaucoup motivé le ministre Bolduc.» Le centre de recherche est situé sur le même terrain que le CUSM, à l'ouest de Décarie et au nord de Saint-Jacques.

M. Thérien, mathématicien de formation et spécialisé en informatique, espère que la nécessité politique d'équilibrer les investissements dans les secteurs anglophone et francophone ne forcera pas le gouvernement du Québec à changer d'idée et à ralentir à nouveau le CUSM si le CHUM connaît d'autres retards.

«On verra si le ministre Bolduc est capable de tenir la game. Mais diviser les hôpitaux entre anglophones et francophones, c'est un peu simplificateur. Plus de 50% de la clientèle du CUSM est francophone.»

Désavantage

Outre l'«imbroglio sur le choix du site du CHUM», l'hôpital francophone a été désavantagé, par rapport au CUSM, par «des tensions qui n'existent pas chez nous» et par la difficulté de rénover plutôt que de construire sur un terrain vierge.

«Bâtir au centre-ville, c'est plus compliqué que sur un terrain vague comme nous le faisons, dit M. Thérien. «Pour des raisons politiques, c'est probablement un bon choix, mais pas au point de vue logistique.» La date d'ouverture du CUSM n'est pas arrêtée, mais ne surviendra probablement pas avant 2012 ou 2013.

L'entrevue avait été sollicitée par M. Thérien pour discuter des priorités de recherche à McGill et de l'importance de la recherche pour le Québec. Le dossier du CHUM a été abordé dans le cadre de propos sur la nécessité d'attribuer une partie des subventions de recherche au mérite, en plus d'assurer une certaine répartition régionale.

McGill a-t-il préparé un plan pour absorber les activités du CHUM sur l'emplacement du CUSM si l'hôpital francophone ne voit jamais le jour?

«Je ne suis pas au courant de ça et ça ne serait pas vendable comme notion, indique M. Thérien. Il reste que physiquement, le CUSM est installé près de Décarie. Démographiquement, c'est trop à l'ouest. Techniquement ça pourrait se passer, en jackant Maisonneuve-Rosemont ou Notre-Dame. Peut-être, mais je n'ai jamais entendu parler de ça.»