L'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) fait face à une grave pénurie d'inspecteurs professionnels. Par conséquent, des centaines de pharmacies ne peuvent être inspectées. Une situation préoccupante pour la population.

«Normalement, on doit avoir six inspecteurs. Là, on en a quatre qui visitent les 1600 pharmacies privées de la province. Mais on n'en a aucun pour inspecter les 200 hôpitaux du Québec», explique la présidente de l'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), Manon Lambert.

 

La fonction d'inspecteur en pharmacie est peu connue du public. Mais Mme Lambert estime qu'il s'agit de «la colonne vertébrale» de la profession. «Nous devons assurer la protection du public et les inspecteurs permettent cela», dit-elle.

Les inspecteurs, qui doivent posséder une formation de pharmacien, ont pour mission de s'assurer que les pharmaciens se conforment aux lois et qu'ils ont les compétences pour pratiquer leur profession. «Les inspecteurs peuvent entre autres vérifier que les dossiers des clients sont bien tenus et que le processus de distribution des médicaments est efficace», dit Mme Lambert.

Chaque année, quelques pharmaciens sont envoyés devant le syndic de l'OPQ. En janvier 2007, des inspections professionnelles ont été menées dans 98 pharmacies québécoises desservant des résidences privées pour personnes âgées. Pas moins de 16 dossiers ont été transmis au syndic de l'OPQ. Dans l'un de ces cas, un pharmacien offrait des pots-de-vin à des dirigeants de résidences pour qu'ils attirent leurs pensionnaires dans sa pharmacie.

Mme Lambert reconnaît que la pénurie d'inspecteurs est d'autant plus inquiétante du fait qu'il manque aussi cruellement de pharmaciens. Le Québec aurait besoin d'au moins 800 pharmaciens de plus pour répondre aux besoins de la population. «En contexte de pénurie, les pharmaciens sont débordés. On peut être tenté de tourner les coins rond», dit Mme Lambert. Or, les inspecteurs ne sont pas assez nombreux pour prévenir les erreurs.

Autre inquiétude: de plus en plus d'établissements font appel à des «pharmaciens dépanneurs» pour combler leur manque de personnel. Ces professionnels ne sont attachés à aucun établissement. Ils font plutôt des contrats de remplacement à gauche et à droite. Étant moins familiers avec leur lieu de travail, ces pharmaciens risquent plus d'agir de façon non conforme.

Pour prévenir les erreurs, l'OPQ a commencé à concentrer ses efforts d'inspection dans les établissements plus à risque. Et pour pouvoir inspecter les pharmacies d'hôpitaux, l'OPQ a dû engager des inspecteurs externes. «Mais on recherche encore d'autres solutions», dit Mme Lambert.