Le patineur de vitesse sur courte piste Charles Hamelin a commencé la saison de Coupe du monde sur les chapeaux de roues. À Shanghai, les 28 et 29 septembre, il a remporté trois médailles individuelles, dont deux d'or, en plus de contribuer à la troisième place du Canada au relais. Il est notre Personnalité de la semaine.

Charles Hamelin a été dominant à la Coupe du monde de Shanghai, première étape de la saison de patinage de vitesse courte piste. À tel point que durant sa première finale, il s'est demandé si ses adversaires ne se jouaient pas de lui.

«On dirait que tout allait trop bien», s'étonne Hamelin, joint par Skype quelques jours plus tard à Séoul, où s'est déroulée la deuxième étape de la Coupe du monde le week-end dernier. «Je me suis dit: «OK, ils ne doivent pas se forcer, ils ne se donnent pas! "»

Pourtant, non. Ils étaient trois Coréens à tenter de tenir le redoutable patineur canadien en respect. Ils ont réussi en partie. Dans la dernière ligne droite, un Coréen a sorti le bras pour freiner son élan. Si les arbitres ne l'ont pas sanctionné, il en a été quitte pour une fracture à un os de l'épaule. Hamelin a poursuivi sa route en gagnant les deux autres épreuves individuelles en Chine.

Le patineur originaire de Sainte-Julie raconte l'anecdote en riant. Pas qu'il souhaite du mal à un rival. Quiconque l'a déjà rencontré sait qu'il est un parfait gentleman, sympathique et souriant, peut-être le plus accessible des meilleurs athlètes olympiques canadiens. Mais gare à celui qui voudrait lui barrer le chemin sur la glace. Charles Hamelin est un impitoyable cheval de course qui ne fait pas de quartier à ses adversaires. «Ce sera peut-être une leçon. Il fera attention la prochaine fois», lance-t-il en laissant poindre un sourire à travers son éternelle barbe foncée.

Pour les patineurs canadiens, les Coupes du monde de Shanghai et de Séoul représentent une mise en jambes pour cette saison olympique. Les patineurs asiatiques, eux, ont l'habitude de briller à la maison. Malgré son coup fumant aux sélections olympiques, où il a aligné huit victoires avant qu'une chute dont il n'était pas responsable le prive d'un balayage inédit, Hamelin ne prévoyait donc pas de tels résultats un mois et demi plus tard.

D'autant qu'il prenait part aux quatre épreuves à l'horaire, ce qui n'était pas le cas de ses principaux compétiteurs. «Je suis vraiment surpris, a admis l'athlète de 29 ans. Je m'attendais à de bonnes performances, mais on n'arrive jamais au sommet de notre forme en Asie. En patinant toutes les distances, ça rendait la charge plus lourde. J'ai suivi le conseil de mon entraîneur Derrick [Campbell] et j'ai démontré que j'avais la forme pour le faire.»

Derrick Campbell est le nom qui vient spontanément à l'esprit d'Hamelin quand on lui demande d'expliquer ses succès. Les deux travaillent ensemble depuis 2006. «Notre relation est bonne et avoir confiance en son entraîneur, ça aide beaucoup, explique le double champion olympique de Vancouver. Je fais tout ce qu'il nous donne de A à Z, pas plus, pas moins, et je sais que ça va fonctionner.»

À quatre mois des Jeux olympiques de Sotchi, où il pourrait devenir l'athlète canadien masculin le plus médaillé de l'histoire, Hamelin ne pense pas avoir atteint le sommet de sa forme trop rapidement, comme certains le lui ont laissé entendre. «Je n'ai même pas peur de répondre non à cette question. Je sais qu'avec le programme, j'arriverai là-bas encore meilleur.»

Son plaisir en compétition est tel qu'il songe même à prolonger une carrière de 20 ans qu'il voyait se conclure en apothéose en 2014. Rien d'encourageant pour ses rivaux coréens.