En affirmant publiquement son homosexualité et en s'affichant au bras de sa compagne, enceinte de leurs jumeaux, la jeune femme combat à sa manière les préjugés. L'artiste vient d'ailleurs de recevoir le prix Lutte contre l'homophobie de la Fondation Émergence. Ariane Moffatt est notre Personnalité de la semaine.

En apprenant qu'elle recevrait le prix Lutte contre l'homophobie, Ariane Moffatt a eu un bref moment d'hésitation. «Je me suis effectivement demandé si je le méritais, avoue-t-elle. Ma feuille de route ne se compare pas à celle de plusieurs autres récipiendaires, mais je trouve que cette mention vient souligner symboliquement mon parcours, parfois difficile, et qui ressemble à celui de plusieurs hommes et femmes homosexuels.»

Ariane Moffatt est la première artiste féminine québécoise à assumer ouvertement son homosexualité. L'auteure-compositrice-interprète ajoute cependant qu'elle n'a pas du tout envie de devenir un modèle, ni pour la cause gaie, ni pour l'homoparentalité.

«Même si une forme de responsabilité vient avec la notoriété publique, ce n'est pas dans ma nature, souligne la jeune chanteuse de 34 ans. Hétéro ou pas, ça ne change rien, j'ai toujours été plutôt discrète sur ma vie privée, et je vais le rester. Par contre, si le fait d'être vraie et d'avoir partagé mon parcours, mes doutes et mes actions peut aider d'autres personnes à prendre des raccourcis dans leur processus d'acceptation, ou dans leur cheminement, j'en suis fière et très heureuse.

Ariane Moffatt ne s'en cache pas, la route a été longue jusqu'à l'acceptation et l'affranchissement sur la place publique. «Je me gardais inutilement dans une zone d'inconfort, dans une zone d'ombre», avoue-t-elle aujourd'hui.

En acceptant le prix, lundi dernier, la jeune femme a remercié sa compagne, la psychologue Florence Marcil-Denault, sa famille, mais aussi le public. «Le support de leur part a été incroyable! Et tout s'est fait dans le respect. Depuis l'annonce de l'arrivée des jumeaux, je reçois autant de commentaires de la part de parents homosexuels que de parents hétérosexuels qui ont aussi des jumeaux. Ça aussi, c'est encourageant, d'être perçus tout simplement comme une famille. Les mentalités évoluent.»

Ariane Moffatt avoue cependant qu'il reste encore du chemin à faire. «On n'a qu'à lire les commentaires qu'a suscités la dernière campagne publicitaire contre l'homophobie pour le réaliser. La société se croit plus ouverte qu'elle ne l'est en réalité. C'est vrai que les choses changent, mais tranquillement», précise-t-elle.

Avec l'arrivée des jumeaux, prévue pour juillet, la chanteuse espère bien se consacrer à la vie familiale, du moins pendant un an. Quand on lui rappelle qu'elle a produit, en six mois, l'album MA pendant ce qui devait être une autre sabbatique, Ariane Moffatt ne peut s'empêcher de rire. «Cette fois-ci, il faudra voir si j'arrive à jouer du piano en tenant un bébé dans chaque bras!».

Pour l'instant, l'artiste savoure pleinement ses derniers concerts. Même si la jeune femme s'apprête à quitter la scène, elle ne retournera pas dans l'ombre pour autant. Ariane Moffatt préfère aujourd'hui être dans la lumière, entière et vraie.

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