Rad Hourani a présenté, le 24 janvier dernier, sa première collection en tant qu'invité officiel du cercle très sélect de la haute couture française. Le créateur est ainsi devenu le premier Québécois, même Canadien, à réussir cet exploit. Le jeune homme a présenté aux médias et aux acheteurs du monde entier une collection unisexe, du jamais vu. La Presse et Radio-Canada nomment Rad Hourani Personnalité de la semaine.

À seulement 30 ans, le créateur de mode Rad Hourani accumule les succès. En plus de posséder des ateliers à Montréal et à Paris et de vendre ses créations dans plus de 30 pays, le jeune homme est maintenant membre invité officiel de la chambre syndicale de la haute couture.

«Je ne m'étais jamais permis de rêver à ça», avoue d'emblée Rad Hourani. C'est le président de la Fédération française de la couture qui a suggéré au jeune créateur de poser sa candidature l'année dernière. «Je devais seulement le rencontrer pour demander une accréditation pour le prêt-à-porter et c'est lui qui m'a avoué qu'il voyait plutôt mon travail comme de la haute couture.»

En France, le terme «haute couture» est une appellation juridiquement protégée et les grandes marques doivent suivre plusieurs règles afin de pouvoir l'utiliser. Travail réalisé à la main, nombre minimum d'employés, quotas de modèles présentés, la liste de critères est longue pour faire partie de ce club très prisé. Et en plus, il faut être parrainé afin de pouvoir y entrer. Sur ce point, Rad Hourani peut compter sur l'appui indéfectible de Sydney Toledano, président-directeur général de Christian Dior Couture. «C'est une amie qui lui a montré mon travail et il a accepté sur-le-champ de devenir mon parrain. C'est le plus beau compliment qu'on m'ait jamais fait», avoue-t-il.

Son «premier» défilé a eu lieu le 24 janvier dernier au Centre culturel canadien à Paris. Des mannequins androgynes ont présenté 22 silhouettes unisexes, toutes aussi graphiques que minimalistes, en blanc et noir. «C'est une collection basée sur les trompe-l'oeil, avec une complexité dans la construction des pièces, et une simplicité dans les silhouettes en général.»

Véritablement créateur de mode depuis seulement cinq ans, Rad Hourani n'a aucune formation en couture. Le jeune homme avoue cependant ne pas en souffrir. «Ça me donne une liberté totale au plan de la création. Je n'ai pas été conditionné par une école à suivre les règles de base d'un veston ou d'un pantalon, par exemple.»

Son travail, très près de l'architecture, commence toujours avec des lignes qu'il dessine, et dont certaines deviendront des patrons, puis des vêtements. Mais il faudrait plutôt parler de plans, car ses pièces sont souvent complexes. Certaines sont même transformables. Par exemple, une jupe peut devenir un sac à dos ou même un pull.

Son travail ne ressemble en rien aux collections des griffes mythiques comme Dior ou Chanel. «Je veux surtout que mes vêtements soient confortables et portables. Je ne veux pas non plus que mes pièces soient réservées aux galas ou aux soirées mondaines. Je crée des vêtements qu'on peut porter tous les jours. Pour moi, il est là le luxe ultime: de la haute couture pour le jour.»

Le Montréalais d'origine jordanienne est présentement dans la métropole. Il s'affaire à la conception d'une exposition qui prendra l'affiche, au Centre Phi, en novembre prochain. «Ce sera une expo sur mon travail, sur les cinq ans d'Unisexe par Rad Hourani.» Le jeune homme planche aussi sur un livre et sur un DVD.

Loin de n'être qu'un «designer de mode», Rad Hourani se définit plutôt comme un créateur multidisciplinaire. «Je ne pourrais pas faire que des vêtements. J'ai besoin de toucher à tout. Je n'ai aucune envie de me limiter à seul média.»