Henry, le film de Yan England, a obtenu une nomination aux Oscars. L'oeuvre très personnelle a été retenue dans la catégorie du meilleur court métrage de fiction. Il s'agit d'une deuxième incursion derrière la caméra pour le jeune comédien et animateur. Afin de souligner cette mention, La Presse et Radio-Canada nomment Yan England Personnalité de la semaine.

C'est en direct à la radio, pendant l'émission qu'il anime, que Yan England a su que son film avait été retenu pour les Oscars. Une vidéo, que l'on peut visionner en ligne, nous montre le jeune homme complètement sonné, entouré de sa famille et de ses proches. «J'étais ému, heureux et touché. Depuis l'âge de 5 ans, je regarde les Oscars. Ça fait tellement d'années que je les vis à travers la télévision. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'être passé de l'autre côté», avoue-t-il.

Pendant les cinq ans où il a habité Los Angeles, Yan England n'a jamais visité le Kodak Theatre (aujourd'hui le Dolby). Ni même osé monter le mythique escalier. Le jeune homme espérait plutôt, un jour, gravir les légendaires marches parce qu'il serait invité à la cérémonie. «C'était un rêve et je vais le réaliser le 24 février. Et je vais en savourer chaque seconde», promet le réalisateur.

Pour cette figure bien connue du petit écran, où il cumule les rôles depuis son plus jeune âge, la réalisation reste un domaine relativement nouveau. «J'ai peu d'expérience en réalisation, mais c'est un métier qui me passionne. Comme acteur, j'ai eu la chance de travailler avec de grands réalisateurs d'ici. J'allais souvent m'asseoir près d'eux, entre mes scènes, pour les regarder travailler. Ils m'ont tous inspiré en quelque sorte. Cela dit, j'ai encore beaucoup de choses à apprendre.»

Henry

Henry, son deuxième court métrage, aborde la maladie d'Alzheimer, un mal qui a touché son grand-père maternel. «Un homme extraordinaire» qui, malgré une vie incroyable, a dû un jour demander à ses proches s'il avait été un homme bon.

«Ce film est un hommage. Mon grand-père avait toujours des histoires incroyables à nous raconter. Il a travaillé, entre autres, pour les services secrets en Angleterre. Puis avec la maladie, les souvenirs se sont tranquillement effacés. Ça m'a profondément touché. Un jour, j'étais son petit-fils, le lendemain, il me prenait pour un jeune soldat qu'il avait côtoyé pendant la Deuxième Guerre mondiale.»

Écrit, réalisé et produit par Yan England, le film a été tourné sans la moindre subvention. En tout, plus de 50 personnes ont accepté, bénévolement, de participer au projet. «Le fait que Henry soit en compétition aux Oscars est la plus belle récompense que je puisse donner à toute l'équipe. J'ai toujours cru que la meilleure façon de les remercier était de montrer le film au plus grand nombre de gens possible», souligne-t-il.

Henry a déjà fait plusieurs festivals. Le court métrage a obtenu le premier prix au Festival du Rhode Island, en août 2011, et une mention spéciale à Cleveland, l'année dernière.

Cette nomination vient évidemment donner un second souffle au film de Yan England. Henry sera projeté un peu partout dans la province, dans les prochaines semaines. Et les cinq courts métrages de fiction toujours dans la course seront présentés au Cinéma du Parc à compter du mois prochain. Le jeune réalisateur arrivera à Los Angeles le 19 février pour une projection spéciale consacrée aux oeuvres finalistes dans sa catégorie.

Yan England souhaite que toute cette publicité rejaillisse sur le cinéma québécois en général. «Après une année de discussion sur les box-offices décevants, je crois que ces nominations sont d'excellentes nouvelles pour notre cinéma. Grâce à Rebelle, de Kim Nguyen, c'est la troisième année consécutive qu'un film québécois est en lice dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Ce n'est pas rien. Nous avons plusieurs créateurs de talent ici. Ça aussi, c'est important.»