Grimper sur la marche d'un podium olympique représente un exploit en soi. Le répéter quatre fois relève de la légende. En s'élançant avec Jennifer Abel du tremplin de trois mètres le 29 juillet dernier, Émilie Heymans a écrit une nouvelle page d'histoire. Parce qu'elle est devenue la première plongeuse à rafler une médaille dans quatre Jeux consécutifs, mais aussi la première Canadienne à réussir pareil exploit à des Jeux d'été, La Presse et Radio-Canada nomment Émilie Heymans leur Personnalité de la semaine.

Il s'en est pourtant fallu de peu que le nom d'Émilie Heymans n'apparaisse pas sur les pages du grand livre du plongeon olympique. Enfant, la Québécoise d'origine belge entendait faire carrière en gymnastique pour se tailler une place aux Jeux et ainsi suivre les traces de sa mère qui avait fait la sienne en escrime. Mais à 11 ans, les entraîneurs d'Émilie lui font part d'un constat déchirant. «Ils me trouvaient trop grande pour la gymnastique et m'ont tout simplement suggéré de changer de sport», explique-t-elle.

Après avoir évalué différentes possibilités, Heymans se tourne vers le plongeon, un sport où elle se démarquera rapidement. En l'espace d'un an, elle cumule les succès et atteint même les championnats juniors canadiens. Elle y décrochera une médaille d'argent.

«Si je pratiquais ce sport, c'était avant tout pour le fun, dit-elle. À cet âge-là, je ne pensais pas aller aux Jeux, mais c'était quand même un rêve.»

C'est à Sydney en 2000 que le rêve prendra forme. En compagnie d'Anne Montminy, Émilie Heymans y obtiendra même une médaille au 10 mètres synchronisé. Un premier succès qui laissera sa place à trois autres titres olympiques. D'abord, le bronze, remporté à Athènes quatre années plus tard dans la même épreuve avec Blythe Hartley, puis une première médaille individuelle à la tour de 10 mètres, décrochée à Pékin en 2008. Un palmarès couronné il y a quelques jours par le bronze au 3 mètres synchronisé.

Qu'il soit de bronze ou d'argent, remporté en duo ou individuellement, chacun de ces titres olympiques a sa valeur aux yeux de la principale intéressée. «Les quatre médailles sont différentes, dit-elle. Chacune a son importance pour moi, et il n'y en a pas une dont je sois plus fière qu'une autre.»

Regrette-t-elle seulement de ne pas avoir mis la main une fois sur la médaille d'or? «Pas du tout, rétorque-t-elle en moins de deux. Remporter une médaille olympique, c'est déjà beaucoup.»

Les derniers Jeux

C'est en sachant qu'elle participait à ses derniers Jeux qu'Émilie Heymans a atterri à Londres. Au moment d'écrire ces lignes, elle rentrait d'un dîner avec les membres de sa famille et comptait s'accorder du repos en soirée. Le lendemain, vendredi, elle allait retourner à la piscine pour prendre part aux qualifications du tremplin de 3 mètres, sa dernière épreuve olympique.

«Je ne m'attends pas à vivre cette dernière compétition différemment des autres», a-t-elle indiqué. Même pas au moment de monter une dernière fois sur le tremplin? «Non, enfin, je l'espère», a-t-elle lancé dans un rire qui contrastait avec son flegme coutumier.

Maintenant que le plongeon qu'elle se réservait pour la fin - un deux et demi arrière carpé - est chose du passé, Heymans compte prendre le reste de l'été pour réfléchir à son avenir. Mettra-t-elle un terme à sa carrière immédiatement après les Jeux ou s'accordera-t-elle une dernière saison comme athlète de haut niveau? «Pour l'instant, je me concentre vraiment sur les Jeux, répond-elle. C'est impossible pour moi en ce moment de dire ce que je ferai après.»

Le futur dans la mode

Si Heymans se réserve encore un temps de réflexion avant de sonner le glas de sa vie de plongeuse, elle sait déjà qu'une nouvelle carrière s'ouvrira bientôt à elle en commercialisation de la mode. Doit-on s'attendre à ce qu'elle devienne aux sports de piscine ce que Louis Garneau est devenu au vélo? «Non, je ne crois pas, dit-elle. Je m'intéresse à toutes les facettes de la mode et pas seulement à celle en lien avec les sports.»

Malgré ce changement de cap majeur, elle n'exclut pas la possibilité de partager un jour son expérience olympique avec la jeunesse canadienne et de contribuer ainsi à former les futurs plongeurs de demain. «Il faudra que j'y pense», s'est-elle contenté de dire.