Francine Lelièvre, directrice générale de Pointe-à-Callière, est lauréate du Prix du lieutenant-gouverneur 2012 remis par la fondation Héritage Canada. Cette récompense souligne sa contribution exceptionnelle à la conservation du patrimoine québécois et canadien. Fondé par Francine Lelièvre, en 1992, le Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal célèbre aussi ses 20 ans d'existence. La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

C'est vendredi dernier, lors du Sommet national du patrimoine, que Francine Lelièvre a reçu le prix du lieutenant-gouverneur, remis par la fondation Héritage. Pour la récipiendaire, Chevalier de l'ordre national du Québec et Chevalier de l'Ordre national du Mérite de la France, cette récompense s'ajoute à une longue liste. «Je reçois toujours un prix avec joie et fierté, parce que je peux ensuite le partager avec mes équipes. Dans un projet, on n'est jamais seul», souligne-t-elle. Durant ces 30 dernières années, l'historienne de formation a été maître d'oeuvre et gestionnaire de plusieurs institutions culturelles, patrimoniales et touristiques.

Elle a commencé sa carrière en patrimoine à Parcs Canada où elle a dirigé la mise en valeur de 26 lieux historiques et de 4 parcs nationaux. De la Gaspésie à Montréal, en passant par Québec et les Cantons-de-l'Est, Francine Lelièvre compte à son actif plusieurs réalisations importantes. Elle a, par exemple, participé activement à la création du site de Grande-Grave, dans le parc national Forillon. «C'était la première fois où l'on désirait préserver des traces humaines dans un parc, plutôt que de retourner complètement à un état naturel.» Francine Lelièvre a, de plus, occupé les fonctions de directrice des expositions au Musée de la civilisation dans la Vieille Capitale.

Passé et avenir

La plus grande réussite de sa carrière reste Pointe-à-Callière. Le musée abrite des vestiges archéologiques en lien avec la fondation de la métropole et mis en valeur sur leur lieu d'origine. Avec son architecture moderne «et sa tour inachevée, ouverte sur le ciel et sur l'avenir», Pointe-à-Callière est le seul musée d'archéologie d'envergure au Canada. L'institution, unique en son genre, a déjà remporté 78 prix d'excellence, dont 14 mentions internationales. De 350 000 à 400 000 visiteurs s'y rendent chaque année. Depuis son ouverture, c'est près de sept millions de personnes qui ont franchi ses portes.

Engagée tout d'abord comme consultante pour ce projet, elle y est toujours 20 ans plus tard. «Le tout s'est fait naturellement. Une fois mon mandat terminé, on m'a demandé d'y rester pour six mois, puis pour un an... Et voilà, je le dirige encore aujourd'hui, toujours avec la même passion, comme au début.»

Pointe-à-Callière a pour mission de partager l'histoire de Montréal, mais aussi de tisser des liens avec les grands réseaux d'archéologie et d'histoire. «Plusieurs musées à travers le monde, comme le British Museum de Londres, nous prêtent maintenant des pièces», souligne-t-elle.

Par le biais de Pointe-à-Callière, Francine Lelièvre a aussi créé l'École de fouille archéologique, sur le site du fort de Ville-Marie, tout juste derrière le musée. Lancée, il y a 10 ans, cette école de fouille en milieu urbain a été fondée en partenariat avec l'Université de Montréal. «Les étudiants en archéologie peuvent maintenant faire des recherches ici, sur l'histoire d'ici, et publier les résultats de leurs travaux, ce qui aide à la compréhension de la fondation de la métropole.»

Le musée inaugurera, d'ici l'hiver prochain, son cinquième pavillon, baptisé la Maison-des-Marins. L'ancienne Maison du Père, qui date des années 50, a été complètement restaurée et repensée. Les travaux majeurs se termineront vers la fin de l'automne.

Francine Lelièvre, visionnaire, travaille déjà à la réalisation de son prochain grand rêve: la Cité d'architecture et d'histoire de Montréal. Cet imposant projet, qui devrait voir le jour en 2017, reliera une dizaine de sites archéologiques et historiques de Montréal. Tous ces lieux seront unis entre eux par des tunnels, installés dans un ancien système d'égouts souterrains, datant de 1832. «Ce sera assurément une expérience unique. Nommez-moi d'autres projets similaires?»