À 18 ans, Eugénie Bouchard est devenue, le week-end dernier à Wimbledon, la première Canadienne championne junior en simple dans un tournoi du Grand Chelem. Aussi championne en double, pour la deuxième année consécutive, la jeune femme de Westmount a confirmé tout son talent. La Presse et Radio-Canada en ont donc fait leur Personnalité de la semaine.

Eugénie Bouchard était prédestinée à briller à Wimbledon. Sa soeur Béatrice et elle portent les mêmes prénoms que les princesses d'York, les filles du prince Andrew et de Sarah Ferguson, et son frère se prénomme William...

Les spectateurs anglais l'ont d'ailleurs vite adoptée et ses victoires ont été largement commentées sur le site du tournoi et dans les médias britanniques. C'est que l'exploit est de taille. Avant elle, aucun Canadien ne s'était imposé en simple dans un tournoi du Grand Chelem, quelques-uns seulement l'avaient fait en double.

Ses rivales étaient des juniors, certes, mais c'étaient les meilleures du monde et Eugénie s'est imposée avec un aplomb qui ne laisse guère de doute sur ses succès futurs. Déjà, elle a amorcé sa carrière professionnelle avec quelques titres dans des tournois secondaires et des participations aux prestigieux tournois de la WTA, dont la Coupe Rogers.

«Gagner un titre junior en Grand Chelem était l'un de mes principaux objectifs de la saison, a raconté Eugénie après sa victoire. C'est ma dernière année d'admissibilité et je savais que j'aurais à subir la pression d'être la favorite. Je suis donc très heureuse d'avoir réussi. Je suis convaincue que cela va m'aider plus tard dans ma carrière.»

Progression

Sylvain Bruneau, responsable de l'élite féminine à Tennis Canada, la suit de près depuis ses débuts et n'a pas hésité à faire appel à la Française Nathalie Tauziat, ancienne finaliste à Wimbledon, pour la conseiller.

«Eugénie est évidemment très douée physiquement [elle mesure 1,78 m] et elle a toujours été très sérieuse dans sa préparation. Cela fait déjà plusieurs saisons qu'elle connaît de bonnes performances dans les tournois juniors et ses débuts professionnels sont très prometteurs.

«Ce sera toutefois important de ne pas brûler les étapes, ce dont elle est d'ailleurs parfaitement consciente. Sa décision de jouer encore les tournois juniors du Grand Chelem cette saison montre qu'elle a déjà une bonne idée de la façon de gérer sa carrière. Et nous allons continuer de l'aider à progresser dans les meilleures conditions possible.»

Bouchard a souligné la qualité du système de formation des joueurs au Canada, mis en évidence par ses deux titres londoniens, mais aussi par celui du jeune Filip Peliwo chez les garçons et par les demi-finales (simple et double) de la toute jeune Françoise Abanda (15 ans).

«Nous avons de bons joueurs au Canada, qui ont été nos modèles et nous inspirent beaucoup, mais je suis fière d'être l'une des chefs de file de la prochaine génération. Je me sens prête. J'ai hâte d'affronter les meilleurs, pour apprendre, progresser et les rejoindre un jour. Gagner Wimbledon junior, c'est bien, mais mon ambition est de gagner le gros trophée un jour.»

L'un des privilèges des champions à Wimbledon est d'être invité à un grand bal, le dimanche soir, au terme du tournoi. Eugénie y était déjà allée l'an dernier, mais elle a eu la chance cette année de rencontrer son idole Roger Federer, champion du simple masculin pour la septième fois de sa carrière.

Elle a raconté avoir pu discuter pendant quelques minutes avec le détenteur du record de 17 titres majeurs en carrière et avoir été séduite par sa disponibilité et sa gentillesse. Le Suisse a d'ailleurs remporté les deux titres juniors à Wimbledon, lui aussi, en 1998 au début de sa carrière.

Tous les champions juniors n'ont pas fait la même carrière que lui, évidemment, mais personne n'en demande autant à Eugénie.