Natacha Jean est présidente et directrice générale du Concours québécois en entrepreneuriat. Ce dernier a pour mission d'aider et de reconnaître les jeunes entreprises et les nouveaux projets d'affaires. L'organisme, qui fêtera bientôt ses 15 ans, donne un coup de pouce aux étudiants et aux entrepreneurs en herbe qui n'en sont bien souvent qu'au stade du plan d'affaires. Pour sa contribution à l'essor entrepreneurial au Québec, La Presse et Radio-Canada décernent à Natacha Jean, le titre de Personnalité de la semaine.

Natacha Jean a l'entrepreneuriat dans le sang. Son père a eu un commerce, dans le domaine de l'électronique, pendant 47 ans, jusqu'à l'an dernier où il a fermé ses portes pour prendre une retraite bien méritée. Une tante et sa grand-mère maternelle ont, elles aussi, dirigé de petites entreprises dans sa région natale, le Lac-Saint-Jean. «À 11 ans, j'étais déjà engagée dans plusieurs comités scolaires. Je voulais, comme ma famille, faire avancer les choses.»

Bachelière en enseignement et titulaire d'une maîtrise en études et interventions régionales, la jeune femme démarre sa carrière comme agente de développement au Conseil régional de prévention de l'abandon scolaire. Elle est ensuite nommée directrice du département des communications et des relations publiques au Fonds Jeunesse Québec.

En 2005, le Secrétariat à la jeunesse fait appel à Natacha Jean pour collaborer au lancement de la consultation publique nationale dans le cadre du dossier Stratégie d'action jeunesse. Elle occupera, par la suite, les fonctions de directrice adjointe du Centre de vigie et de recherche de la Fondation de l'entrepreneurship, pour finalement arriver à la présidence du Concours en 2007. Son parcours, avoue-t-elle, n'est que le fruit du hasard, mais étrangement, jeunesse et entrepreneuriat sont deux thèmes récurrents.

Un concours unique

Le 14e gala des Grands Prix nationaux du Concours québécois en entrepreneuriat s'est tenu le 20 juin dernier. C'est 42 prix, totalisant 230 000$, qui ont été remis lors de cette soirée. Tous les finalistes avaient auparavant remporté les honneurs lors des concours régionaux en mai dernier assortis à des bourses totalisant 320 000 $. L'organisme, qui est à but non lucratif, organise le seul concours québécois à offrir des prix d'une aussi grande valeur. Depuis sa création, c'est plus de 7 millions de dollars qui ont été distribués.

Au-delà de soutenir le développement des bonnes idées, le concours vise, notamment avec le volet étudiant, à développer la ténacité, la persévérance, le goût du risque, l'estime de soi et la fierté. «Lorsqu'on donne de la corde aux jeunes, ils s'enfargent rarement dedans. Ils en profitent plutôt pour aller voir plus loin. Pour sortir des sentiers battus.»

Depuis trois ans, l'initiative Valoris cible les élèves d'écoles en milieux défavorisés. Ces jeunes travaillent toute l'année, avec l'aide d'un professeur ou d'un intervenant, sur des projets qu'ils ne sont pas tenus de soumettre au concours officiel. Par contre, ils reçoivent tous une médaille, et des bannières sont installées dans les écoles pour publiciser leur travail et leur succès. «Plusieurs intervenants scolaires poussent nos jeunes à se dépasser. Plusieurs parents ont affirmé que leurs enfants s'étaient transformés. Des participants nous ont avoué que c'était la première fois qu'ils gagnaient quelque chose. L'entrepreneuriat est un outil exceptionnel pour le développement de la motivation chez les jeunes.»

Le vent tourne

Bien que certaines études dressent un portrait sombre de l'entrepreneuriat au Québec, Natacha Jean n'est pas pessimiste. «On a souvent la fâcheuse manie de nager dans la répétition de statistiques négatives. Il y a plusieurs données qui ne se quantifient pas et qui sont importantes. Oui, au Québec, on a peur du risque. Oui, on privilégie la sécurité. Mais ça change, la génération qui est sur les bancs d'école en ce moment veut vivre des expériences, développer des idées, être son propre patron. On sent que le vent tourne.»

Elle voit dans le succès d'une émission comme Dans l'oeil du dragon, la preuve que l'entrepreneuriat fait son chemin dans la tête de bien des gens. «Je connais des jeunes enfants qui la regardaient religieusement... Comme je connais aussi des personnes âgées qui ont une bonne idée et qui ne laissent pas leur âge les empêcher de la développer.»

Et les statistiques du Concours québécois en entrepreneuriat prouvent bien que le Québec regorge d'entrepreneurs en herbe. Depuis sa création, il y a presque 15 ans, c'est 1 230 334 Québécois qui y ont participé.

«Tous ces individus, qui ont eu la piqûre de l'entrepreneuriat, vont nous rapporter énormément à l'avenir. Ce million, et plus, de gens qui ont participé à nos concours, locaux, régionaux et nationaux, ce sont eux, le Québec inc. de demain.»