Pour un joueur dont la carrière semblait compromise il n'y a pas si longtemps, Patrice Bergeron ne s'en tire pas trop mal. Après une médaille d'or avec Équipe Canada lors des Jeux d'hiver de Vancouver en 2010, après une conquête de la Coupe Stanley avec les Bruins de Boston il y a un an, le Québécois a ajouté un autre trophée à son tableau de chasse la semaine dernière: le trophée Selke, remis annuellement au meilleur attaquant défensif de la Ligue nationale de hockey. Pour cet exploit, La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

Sur la grande feuille des statistiques offensives, Patrice Bergeron n'a pas connu sa meilleure saison en 2011-2012. Ses 64 points en 81 matchs ne représentent pas un sommet pour lui - il avait réussi 73 points en 2005-2006 -, mais au final, c'est l'évolution de son jeu d'ensemble qui l'a mené à cette plus récente récompense.

Il obtient donc ce trophée Selke après avoir conclu la dernière saison avec un différentiel de "36, un sommet dans le circuit, et après avoir été le meilleur de la LNH au chapitre des mises en jeu remportées en 2011-2012.

«C'était déjà un honneur que d'être en nomination pour ce trophée-là, alors de le gagner, c'est exceptionnel, a-t-il expliqué en entrevue téléphonique avec La Presse. C'est aussi très spécial parce que Pavel Datsyuk (des Red Wings de Detroit) et David Backes (des Blues de St. Louis), deux joueurs que je respecte beaucoup, étaient en nomination eux aussi. C'est également un trophée que je dois à tous mes coéquipiers.»

À 26 ans, Patrice Bergeron est encore bien loin de la maison de retraite. Peut-être aussi que ses meilleures années sont à venir, que d'autres trophées et d'autres bagues de la Coupe Stanley vont s'ajouter au récit. Après tout, quand on considère un instant le chemin parcouru, les embûches surmontées au fil des années, on réalise que le parcours de ce jeune homme n'a rien de banal. Bien au contraire.

Bergeron, faut-il le rappeler, a subi deux commotions cérébrales en 2007 et en 2008. Deux tristes événements qui l'ont forcé à rater plusieurs matchs... et à se poser aussi quelques questions sur le long chemin du retour.

«Je voulais seulement pouvoir retrouver ma forme, revenir à 100% de mes capacités, explique-t-il. C'est surtout le processus de remise en forme... ça a été plus long que je ne l'ai imaginé, et plus long que je l'aurais voulu. Il n'y avait pas vraiment de doutes dans mon esprit, mais il y a eu des moments d'inquiétude. Surtout à cause du temps que ça prenait pour retrouver la forme. Au bout du compte, je suis extrêmement fier d'avoir pu redevenir le joueur que j'étais avant ça.»

Jeune vétéran

Patrice Bergeron est encore un jeune homme, mais il est aussi un vétéran, ayant complété sa huitième saison dans la LNH. Un vétéran et un leader respecté, qui fait dorénavant partie des joueurs d'importance chez les Bruins de Boston.

Avec encore deux ans de contrat à écouler chez les Bruins, le joueur québécois refuse de regarder au loin. Sa philosophie, elle n'a pas trop changé depuis ses premiers coups de patin chez les pros: au jour le jour, et rien d'autre.

D'ailleurs, il hésite un peu quand on lui demande de définir ses objectifs à long terme.

«Je n'ai pas vraiment d'objectifs... Tout ce que je veux faire, c'est repousser mes propres limites. Je ne veux pas avoir de regrets quand ça va être le temps de prendre me retraite plus tard. Je veux être en mesure de devenir le meilleur joueur possible.»

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'à ce chapitre, il est drôlement bien parti.