Si le soccer professionnel a connu une montée fulgurante au Québec, c'est en grande partie grâce à Joey Saputo. L'homme d'affaires de 47 ans a investi beaucoup de temps et d'argent depuis la création de l'Impact, en 1993, pour en faire une équipe qui n'a rien à envier à celles des grandes villes du monde. L'Impact joue maintenant dans la Major League Soccer (MLS) et le premier match local au Stade olympique a attiré une foule monstre, fracassant au passage un vieux record d'assistance. La Presse et Radio-Canada décernent à Joey Saputo le titre de la Personnalité de la semaine, dans la catégorie Affaires.

Pour le premier match local de l'Impact, c'est 58 912 fans qui se sont déplacés au Stade olympique, le 17 mars dernier. Un nouveau record. En 1981, 58 452 partisans étaient au même endroit pour applaudir le Manic, le club de soccer de l'époque. Pour l'anecdote, à l'époque, l'équipe était commanditée, entre autres, par Saputo. Même si l'Impact n'a pas remporté la victoire (match nul 1-1) contre le Chicago Fire, Joey Saputo affirme que l'Impact n'a pas raté son premier rendez-vous de la saison avec le public montréalais. «La réponse de nos partisans a été incroyable. On était très nerveux et on savait qu'on misait gros. Je suis très satisfait. Il reste encore beaucoup de travail à faire, mais je sais que les gens ont quitté le Stade en se disant qu'ils avaient vu du «vrai» soccer de haut calibre », affirme-t-il.

Le nouveau stade

Difficile de mettre la main sur le président de l'Impact. Ses journées sont très chargées avec les réunions, les voyages à l'étranger, l'élaboration des campagnes de marketing et la supervision des travaux du stade Saputo. Ce dernier sera prêt à temps, assure-t-il, malgré des délais serrés. Une fois les travaux d'agrandissement terminés, le stade Saputo pourra accueillir 20 341 personnes. « Et l 'équipe emménagera , comme prévu, dans son nouveau domicile le 16 juin prochain », confirme-t-il.

Mais il faudra bien le remplir ce stade et l'homme d'affaires s'est donné comme objectif de séduire un nouveau public. Après avoir attiré les familles qui voyaient ce sport plutôt comme un divertissement, Joey Saputo veut maintenant séduire les vrais mordus de soccer de 18-35 ans. «Beaucoup d'entre eux nous ont toujours vus comme une équipe de deuxième division. Avec notre arrivée dans la MLS, c'est à nous de leur montrer que nous sommes à la hauteur de leurs attentes. C'est un très beau défi », dit-il.

Le président de l'Impact mise aussi beaucoup sur l'arrivée de sociétés clientes. Le nouveau stade comptera 32 loges réservées aux entreprises. «La réponse est positive. La majorité des loges sont déjà vendues, mais il en reste quelques-unes. Et la configuration du stade nous permettra d'en rajouter si la demande est là », ajoute-t-il.

Le joueur étoile

Joey Saputo est sur le point d'embaucher un joueur vedette qui pourrait l'aider à attirer les foules. Il avoue que la tâche n'a pas été facile. Selon lui, un bon joueur étoile doit aussi accepter son rôle et ses responsabilités une fois à l'extérieur du terrain. «Je sais que tout le monde attend cette nouvelle. Nous l'avons trouvé, mais il n'a pas encore signé. J'ai très hâte d'annoncer la nouvelle. Je sais que plusieurs partisans attendent impatiemment de connaître notre choix avant d'acheter un abonnement de saison», avoue Saputo.

Pour l'instant, l'équipe ne compte qu'un seul joueur québécois, Patrice Bernier. C'est pourquoi l'Impact a mis sur pied l'Académie de soccer qui a pour but de former des joueurs professionnels qui joindront peut-être un jour les rangs de l'équipe en MLS. «Oui, on veut encourager la pratique du soccer chez les jeunes. Mais si on veut que les Montréalais aient un jour un fort sentiment d'appartenance quant à l'Impact, il nous faut des joueurs québécois de haut calibre. Si tout va bien, on devrait peut-être voir d'ici deux à cinq ans un participant de l'Académie grossir les rangs de l'équipe », dit-il. Les jeunes de l'Académie ont de 13 à 21 ans et sont choisis en fonction de leurs performances sportives et de leurs qualités humaines. L'Impact verse à l'Académie près d'un million de dollars chaque année.

Questionné sur la possibilité de voir un jour un joueur de l'Impact nommé Saputo, le père de quatre garçons avoue en riant que ce n'est pas impossible. «Ils jouent au soccer et au hockey, alors on verra. Je ne suis pas un père qui pousse trop ses enfants. Ce sera à eux de décider, mais une carrière dans un ou l'autre de ses sports n'est pas impossible, s'ils y mettent tous les efforts nécessaires», conclut-il.