Le jeune patineur de vitesse Laurent Dubreuil a remporté l'épreuve du 500 mètres lors des Mondiaux juniors au Japon, au début du mois. L'athlète de 19 ans est ainsi devenu le premier Québécois à réussir cet exploit. Afin de souligner sa victoire, La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

C'est le samedi 3 mars à midi, au Japon, donc dans la nuit de vendredi à samedi à l'heure du Québec, que Laurent Dubreuil a remporté la deuxième course du 500 mètres. Le patineur de Saint-Étienne-de-Lauzon a mis 35,50 secondes pour atteindre le fil d'arrivée. «Je n'étais pas satisfait de ma première course et je savais que je pouvais aller plus vite», raconte-t-il. Dubreuil avait fait un temps de 35,62 secondes lors de la première manche. Avec un résultat cumulatif de 71,12 secondes, Dubreuil est devenu le premier Québécois à remporter l'épreuve. Même Gaétan Boucher n'avait pas réussi l'exploit. Il avait terminé troisième en 1978, à Montréal.

Malgré cette victoire, Dubreuil s'est avoué un peu déçu de son résultat à l'épreuve du 1000 mètres qui s'est déroulée le lendemain. Il est arrivé quatrième. «Oui, j'ai la médaille de champion du monde junior autour du cou; mais j'aurais vraiment aimé gagner les deux courses. Je n'étais pas au sommet de ma forme lors de la journée du 1000 mètres. C'est choquant de savoir que j'ai terminé si près de la deuxième place», avoue-t-il. En patinage de vitesse, un dixième de seconde de moins peut permettre à un athlète de monter sur le podium plutôt que de finir quatrième.

Un retour difficile

La victoire du jeune homme a été assombrie par la mort de sa grand-mère paternelle, Paulette Dubreuil. Déjà mal en point à la suite d'une opération cardiaque, la dame s'est éteinte au lendemain de la victoire de son petit-fils. C'est la mère de Laurent, avec lui au Japon, qui lui a annoncé la nouvelle. Il s'apprêtait à prendre l'avion pour rentrer au pays. «Au moins, elle a su que j'avais gagné, avant de partir», dit-il. Le nouveau champion avait promis de lui ramener les fleurs reçues sur le podium. Et il a tenu parole. «J'ai déposé la gerbe de fleurs dans ses bras, avant que l'on ferme son cercueil», confie-t-il.

La victoire de Laurent vient aussi mettre un baume sur la douleur éprouvée par la famille. Le clan Dubreuil ne vit que pour le patinage de vitesse. Daniel, jeune frère de Laurent, a lui aussi participé aux Championnats du monde juniors. Pas étonnant quand on sait que les deux parents sont d'ex-patineurs olympiques. Ariane Loignon, la mère, a participé aux Jeux de 1988 et le père, Robert Dubreuil, à ceux de 1992. Le paternel est aussi directeur général de la Fédération de patinage de vitesse du Québec. «Et ma petite soeur, Anna-Belle, fait aussi du patinage de vitesse», ajoute Laurent.

Comme ses parents, le jeune athlète rêve d'une participation aux Jeux olympiques. «J'ai eu la chance d'assister à mes deux épreuves, le 500 et le 1000 mètres, aux Jeux de Vancouver comme spectateur. C'était fou! L'ambiance, la foule, l'énergie! Je compte bien être aux Jeux olympiques d'hiver de 2014, à Sotchi, en Russie. Cette fois-ci comme participant», affirme-t-il.

D'autres défis

La saison s'achève. Il ne reste que les Championnats du monde seniors par distances individuelles, dans moins de deux semaines. Il a obtenu son laissez-passer samedi, quand l'Albertain Gilmore Junio a fini 17e à la Coupe du monde de Berlin, résultat insuffisant pour lui permettre de doubler le Québécois. «C'est un système complexe. Il n'y a que trois places disponibles pour les Canadiens. Et si Junio finit très loin dans les rangs, ce sont les temps qui prennent le dessus. Et mes temps sont meilleurs», avait-il expliqué la semaine dernière.

Laurent Dubreuil s'active aussi pour que la ville de Québec se dote d'un anneau de glace intérieur. «On s'entraîne sur l'anneau Gaétan-Boucher, parfois dans des conditions météorologiques difficiles. On ne peut pas patiner d'avril à octobre. Sinon, il faut aller à Calgary, mais on est loin de nos familles», affirme-t-il. Le jeune champion est persuadé qu'avec un anneau intérieur, plusieurs patineurs québécois pourraient devenir des «athlètes de classe mondiale». «Regardez déjà ce qu'on arrive à faire dans des conditions pas toujours favorables», souligne-t-il.