Jeannot Painchaud, président-directeur général et artistique du Cirque Éloize, a reçu le 10 octobre dernier, à Paris, le prix Samuel de Champlain 2011 remis par l'Institut France-Canada. Cette mention souligne, chaque année, deux personnalités (une canadienne et une française) ayant oeuvré à la diffusion de leur culture auprès des publics français et canadiens. Après plus de 15 années de tournées dans 64 villes françaises, le Cirque Éloize présentera son spectacle ID au célèbre Théâtre National de Chaillot, dans la Ville lumière, du 24 décembre au 20 janvier prochains. La Presse et Radio-Canada décernent à Jeannot Painchaud le titre de Personnalité de la semaine.

Période d'effervescence pour Jeannot Painchaud et le Cirque Éloize. Après avoir été acclamé par plus de 750 000 spectateurs dans le monde, le spectacle RAIN - Comme une pluie dans tes yeux est à l'affiche pour une dernière série de représentations à Montréal. Jeannot Painchaud est bien heureux que l'aventure RAIN se termine «à la maison». «C'est la première fois. Le hasard a toujours voulu que nos productions prennent fin à l'étranger», dit-il. Et même si le spectacle a été maintes fois joué, le stress est toujours aussi présent. «Même qu'on est plus nerveux de jouer ici. La foule n'est pas anonyme. On se produit devant la famille, les proches, les amis», avoue-t-il.

Le Cirque Éloize met aussi la touche finale aux préparatifs entourant les quatre semaines de représentations au Théâtre National de Chaillot, à Paris, du spectacle ID. On peut parler d'une véritable histoire d'amour entre le Cirque Éloize et la France. Le prix Samuel de Champlain, remis à Jeannot Painchaud, le prouve bien. «Ce prix m'a fait extrêmement plaisir. Nous avons joué dans 64 villes françaises depuis nos débuts, le public français nous a vus grandir. Nous avons une relation particulière», souligne-t-il. Jeannot Painchaud est aussi honoré de partager le prix avec le Français Alain Pacherie, président du Festival mondial du cirque de demain et président-fondateur du Cirque Phénix.

Créateur entrepreneur

Fondé en 1993, le Cirque Éloize est rapidement devenu un des chefs de file du cirque contemporain, en conjuguant les arts du cirque à la musique, à la danse et au théâtre. «Les mariages insolites sont à la base de tous nos spectacles. Mélanger les genres, les influences, les disciplines», souligne-t-il. Grâce à ses spectacles touchants, souvent empreints de poésie, le Cirque Éloize a aussi aidé Montréal à devenir une référence internationale en matière de cirque. Évidemment, le Cirque du Soleil et l'École nationale de cirque y sont aussi pour quelque chose. «Je crois que les gens ne réalisent pas à quel point Montréal est une plaque tournante du cirque. De jeunes artistes et acrobates de partout dans le monde viennent s'installer ici, parce qu'ils savent que c'est ici que ça se passe», souligne-t-il. Comment expliquer le succès des troupes de cirque d'ici? «Les productions québécoises ont l'avantage d'avoir la sensibilité européenne et le sens du rythme américain», explique-t-il.

La Fondation Éloize

Bien que le Cirque Éloize soit devenu une grande entreprise, Jeannot Painchaud souhaite de plus en plus se consacrer exclusivement à la création. «J'ai toujours eu la fibre entrepreneuriale, mais plus le temps passe, plus je délaisse le côté administratif. J'ai mon collègue, Jonathan St-Onge, vice-président exécutif, qui s'occupe de tout ça et qui le fait très bien», tient-il à souligner. L'acrobate, aussi jongleur et comédien, avoue que quitter la scène a été une décision très difficile à prendre. «Ç'a été très dur. Mais imaginer et concevoir les spectacles m'apporte beaucoup aussi», dit-il.

En plus de présider le conseil d'administration du Regroupement national des arts du cirque au Québec (En Piste), Jeannot Painchaud s'occupe aussi de la Fondation Éloize. Elle vise à favoriser la réinsertion sociale des jeunes en difficulté, à les encourager à poursuivre des études supérieures ou spécialisées et à contribuer au développement des arts de la scène. La fondation aide notamment ArtCirq, un organisme qui met sa passion pour le cirque au service des communautés inuites afin de contrer le suicide chez les jeunes.

«Ce qu'il y a de bien avec le cirque, c'est que ça rassemble les arts et le sport. On peut enseigner à un enfant les bases du cirque en peu de temps. Et tout en l'amusant, on vient de le raccrocher à quelque chose», ajoute-t-il.