La Société des arts technologiques (SAT) a célébré ses 15 ans en agrandissant ses locaux et en s'offrant une salle de projection unique: la Satosphère. Véritable lieu de recherche, de création et de diffusion des technologies appliquées aux arts et au design, la SAT est devenue une référence internationale en culture numérique. Avec ce lieu, Monique Savoie, la présidente fondatrice et directrice générale, contribue à faire de Montréal une ville d'innovation maintenant reconnue à travers le monde. C'est pourquoi La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

Lunettes à large monture, vêtements d'avant-garde aux couleurs sombres, Monique Savoie correspond parfaitement à l'image de la gestionnaire qui travaille dans le domaine des nouvelles technologies. Mais elle est aussi une femme chaleureuse et spontanée. «J'aime le contact avec les gens. Et je les touche beaucoup quand je leur parle», dit-elle en riant. Cela peut paraître surprenant de la part de quelqu'un qui consacre ses jours à construire des «machines» sophistiquées qui aident à façonner l'avenir. «Au contraire, les technologies rassemblent les gens, elles peuvent connecter les humains, les régions, les pays entre eux», souligne-t-elle. La SAT, son sanctuaire de béton et de verre, est étrangement aussi chaleureuse qu'elle. Des artistes, des créateurs et des programmeurs, y échangent et développent des concepts innovateurs qui toucheront l'être humain. Dans le «Living Lab» de la SAT, les équipes de Monique Savoie développent 48 pistes de projets, en partenariat avec le CHU Sainte-Justine, afin d'aider les jeunes patients à s'exprimer, à diminuer leur anxiété ou à socialiser, entre autres. Par exemple, le projet MARIONNECT peut capter les mouvements d'une infirmière pour les transposer sur un avatar (personnage virtuel) que l'enfant peut changer selon ses goûts, son état ou son humeur. Les arts technologiques sont ainsi utilisés pour «humaniser» les soins de santé.

La SAT

La SAT a fait bien du chemin depuis ses modestes débuts en 1996. Et Monique Savoie, vidéaste à l'époque, a dû se battre pour partager, et surtout faire comprendre sa vision. «Je ne croyais pas que ce serait aussi difficile», avoue-t-elle. «On me disait: Mais madame, vous ne croyez pas que c'est une mode qui va passer? Ou encore, ma préférée: La société des arts technologiques? Mais qu'est-ce que ça va faire ça?», ajoute-t-elle en riant. Le titre de visionnaire pourrait être lourd à porter, mais Monique Savoie l'assume et redéfinit au passage le sens du mot. «Je véhicule la vision. Je porte aussi les honneurs avec fierté, mais je les reporte ailleurs ensuite. La SAT est avant tout un succès d'équipe», précise-t-elle. «Je suis une fille de shop, pas une fille de socle», souligne Monique Savoie. Et contrairement à l'idée reçue que les technologies sont un monde d'hommes, son équipe et les fidèles de la SAT prouvent bien le contraire. «Je crois plutôt que le milieu n'a pas encore trouvé comment bien diriger les projecteurs sur les femmes. Si on examine notre «aimable clientèle», comme je me plais à l'appeler, elle est composée des deux sexes en parts égales», ajoute-t-elle.

La Satosphère

La Satosphère est le cadeau le plus impressionnant que la SAT s'est offert pour son 15e anniversaire. Avec son dôme de 18 mètres de diamètre et 15 mètres de hauteur, ses 157 boîtes de son et ses 8 projecteurs vidéo; cette salle unique impressionne; tant par sa conception que par les possibilités qu'elle offre. Et la Satosphère pourrait bien contribuer à la renaissance des planétariums, qui sont en perte de vitesse. «Les planétariums sont en train d'être rénovés, ils sont un nouveau terrain de jeu pour les auteurs, les artistes, les créateurs. C'est un outil aux possibilités infinies», ajoute Monique Savoie.

Avec ses projections sur 360 de- grés, la Satosphère intéresse aussi des ingénieurs et des architectes. «On peut y projeter de grands projets architecturaux. Prenons par exemple l'échangeur Turcot. Il serait possible de montrer aux citoyens qui habitent tout près la vue qu'ils auront à partir de leurs balcons, lorsque l'échangeur aura été réaménagé. Au lieu de leur montrer l'immense projet sur des feuilles de papier, ils pourraient voir concrètement la vue de leur quartier en entier, une fois le projet terminé», souligne-t-elle.

À celle qui a toujours été à la recherche du média idéal, on ne peut s'empêcher de lui demander si elle ne vient pas de le trouver avec la Satosphère. «Peut-être», répond-elle hésitante, tout en continuant d'imaginer de quoi sera fait l'avenir du monde qui l'entoure. Et celui de la SAT.