Le joueur de soccer David Testo a publiquement parlé de son homosexualité lors d'une entrevue accordée à la télévision de Radio-Canada, le 10 novembre dernier. Peu d'athlètes, professionnels ou amateurs, osent poser ce geste. Il est un des rares athlètes, en Amérique du Nord, à l'avoir fait avant sa retraite officielle. Bien qu'il ne soit plus sous contrat avec l'Impact, à 30 ans, sa carrière est loin d'être terminée. Pour souligner son courage et ses efforts afin d'éliminer l'homophobie dans le milieu du sport, La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

D'entrée de jeu, David Testo avoue que cette sortie l'a libéré d'un poids énorme qu'il traînait depuis trop longtemps. Mais elle a aussi plongé l'ancien joueur de l'Impact dans un tourbillon médiatique aux proportions gigantesques. Son geste a même été salué par le réputé magazine américain Sports Illustrated. «Oui, la réponse a été énorme. J'ai reçu des demandes d'entrevues d'un peu partout au Canada et aux États-Unis. Mais j'ai reçu aussi tellement de mots d'encouragements de gens que je ne connais pas, des fans et aussi d'athlètes homosexuels qui ont été touchés par mon geste. Toute cette énergie positive me fait un bien fou», avoue-t-il. En effet, au fil des nombreuses entrevues qu'il a accordées au cours des derniers jours, le joueur de soccer se sent de mieux en mieux dans sa peau et, finalement, en paix avec lui-même.

David Testo ne s'en cache pas, il a aussi abordé publiquement son homosexualité pour encourager les autres athlètes, toujours dans le placard, à faire comme lui. «Il faut que les choses changent, il y a trop d'homosexuels malheureux dans le monde du sport. Il faut aussi servir de modèles aux jeunes générations et leur montrer qu'on peut être un bon sportif même si l'on est gai», souligne-t-il. En quelques jours, le joueur, originaire de la Caroline-du-Nord, est passé d'homosexuel caché à activiste gai. «C'est un très gros changement, dit-il en riant. J'étais dans le placard et maintenant je me bats contre l'homophobie dans le sport. Mais j'ai fait ma sortie et je l'assume pleinement. Si je suis la personne qui doit faire avancer la cause, je le ferai. Je n'ai pas le choix de continuer. Je ne peux plus reculer», avoue-t-il.

David Testo était d'ailleurs invité à l'Assemblée nationale, vendredi dernier, où son geste fut souligné et chaudement applaudi. «C'était un moment très touchant, j'en avais les larmes aux yeux. Certains politiciens ont même proposé certaines idées pour contrer l'homophobie dans le sport. Pauline Marois m'a personnellement félicité après la séance, j'étais très ému. Elle aussi d'ailleurs, raconte-t-il, l'émotion encore dans la voix. J'ai senti que les politiciens avaient envie de faire avancer les choses. La politique n'est pas ma tasse de thé, mais je suis prêt à travailler avec eux s'il le faut», ajoute-t-il, déterminé.

La dernière forteresse

Le sport est l'un des derniers milieux où l'homosexualité reste un tabou, voire un handicap. Elle est un lourd secret qui peut parfois détruire une carrière, une fois dévoilé. Le sport est aussi malheureusement un domaine où trop souvent les mots «tapettes» et «fifs» sont souvent utilisés quand un joueur n'arrive pas à performer. Avec son geste, David Testo espère faire disparaître ses stéréotypes. Et tout n'est pas sombre, il y a de l'espoir. Ses coéquipiers et les entraîneurs de l'Impact savaient qu'il était homosexuel et il ne s'est jamais senti jugé. Pas nécessairement accepté de tous, mais il n'a jamais été mis à l'écart. David Testo a fait ses débuts avec l'Impact en 2007 et y est resté jusqu'à la fin de la dernière saison. L'organisation n'a pas renouvelé son contrat qui a pris fin le 12 octobre dernier. Pour la suite, il évalue présentement ses options et tente de définir son avenir.

Très attaché à Montréal, il aimerait bien rester ici. «J'adore la ville et la réaction positive des Montréalais, à la suite de ma sortie, ça me donne encore plus envie de rester», avoue-t-il. David Testo sait très bien que la réponse aurait été très différente avec une carrière aux États-Unis. Mais il ne veut pas non plus mettre une croix sur un possible contrat à l'extérieur du Québec. «J'aimerais tellement revenir au soccer pour montrer, entre autres, qu'on peut être gai et jouer professionnellement», conclut-il.