L'équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste a fait un tabac à la Coupe du monde de Saguenay, les 29 et 30 octobre. Ses 12 membres ont gagné pas moins de 11 médailles. Parmi eux, quatre patineuses originaires du SaguenayLac-Saint-Jean ont conquis un public fervent et enthousiaste. Marianne St-Gelais, de Saint-Félicien, s'est particulièrement démarquée, gagnant l'or à ses deux épreuves individuelles et menant le relais à l'argent. La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

Marianne St-Gelais se souvient très bien de la première Coupe du monde de patinage de vitesse disputée à Chicoutimi , en février 2003. Elle n'avait pas encore 13 ans et patinait pour les Éclairs de Saint-Félicien.

Avec d'autres jeunes patineurs de la région, dont ses coéquipières actuelles Valérie Maltais et Caroline Truchon, elle a été sélectionnée pour porter le drapeau d'un pays lors de la cérémonie d'ouverture. À la dernière minute, le pays qu'elle représentait a déclaré forfait. La petite Marianne a regardé la cérémonie des gradins. Après en avoir pleuré un coup.

Pour la consoler, un membre du comité organisateur l'a invitée à visiter le vestiaire de l'équipe canadienne. Le vétéran Frédéric Blackburn, qui faisait un retour à la compétition, lui a demandé si elle était toujours fâchée. Elle s'en souvient très bien: «Je suis devenue rouge tomate... raconte-t-elle en entrevue téléphonique.

Finalement, tous les patineurs de l'équipe ont signé sur une affiche, que j'ai fait laminer. Je l'ai encore.»

Rayon de soleil

Huit ans plus tard, c'était au tour de Marianne St-Gelais de signer des autographes à des enfants en pâmoison au centre Georges-Vézina. En compétition dans sa région pour la première fois depuis ses deux médailles d'argent aux Jeux olympiques de Vancouver, l'expressive jeune femme a ravi son public en gagnant nettement ses deux épreuves, les 500 et 1000 mètres, en plus de contribuer largement à la deuxième place du Canada au relais féminin.

Le rayon de soleil de Saint-Félicien, comme l'annonceur maison a baptisé l'athlète, venait d'irradier de nouveau. La queue de cheval au vent, le sourire pétillant, St-Gelais a fait le tour de la patinoire pour saluer ses partisans. Émue, elle a même porté son poing gauche au coeur, à la manière de Céline Dion.

Dans les gradins, la section 19 était particulièrement animée. Le fan-club de St-Gelais y était réuni : ses parents, ses deux soeurs et son frère, sa grandmère, son parrain, ses cousins et cousines, ainsi que la présidente et les patineurs des Éclairs, venus spécialement de Saint- Félicien. Sans compter la famille de son amoureux, le patineur Charles Hamelin, dont la mère est originaire de Péribonka.

Beaucoup de monde à saluer et à qui faire plaisir. Parce que Marianne St-Gelais a beau être médaillée olympique, dominante en Coupe du monde (six victoires en six 500 mètres la saison dernière!), elle souhaitait vraiment bien faire devant les siens.

«Je ne me mettais pas de pression, mais j'avais envie de prouver que moi aussi, j'étais bonne, que je m'étais entraînée fort, explique-t-elle candidement. On fait quand même un peu attention à ce que les gens pensent. On a mis le paquet. Sérieusement, c'est un bon show qu'on a fait!»

Progression rapide

Sprinteuse née elle a gagné des médailles en athlétisme aux Jeux du Québec, St-Gelais s'est mise au patinage à 10 ans, presque par accident. Le club de Saint-Félicien était à l'agonie quand sa présidente, la voisine d'en face, est venue cogner à la porte des St-Gelais: les longues lames, ça vous intéresserait? «Ça adonnait bien, on venait de terminer nos cours de natation, raconte Marianne. On s'est inscrits les quatre... et on a accroché.»

Elle a vite progressé en dépit des heures de glace incongrues: le mercredi à 17h30 et le dimanche à 6h. «Les pires heures du monde. On se battait avec le hockey, le patinage artistique. Jamais on ne nous aurait laissé un bout de glace. Ça a changé quand je suis revenue des Jeux.»

Afin de s'améliorer, St-Gelais et quelques patineuses de la région se rendaient à Chicoutimi pour s'entraîner sur la glace olympique du centre régional Marc-Gagnon. Un aller-retour de trois heures, deux fois par semaine, pendant quatre ans. «On dînait et on soupait dans l'auto.»

Les succès nationaux et internationaux n'ont pas tardé: quadruple médaillée d'or aux Jeux du Canada et cinquième à sa première Coupe du monde en Hongrie. Cela s'est poursuivi quand elle a déménagé à Montréal pour patiner au centre national de l'aréna Maurice-Richard. Aux Mondiaux juniors, en 2009, elle a gagné l'or au 500 mètres.

Les deux médailles d'argent aux JO de Vancouver (500 mètres et relais) sont arrivées comme une surprise. Elle en attribue une large part à ses partenaires d'entraînement plus aguerries comme Tania Vicent et Kalyna Roberge. «Moi, j'ai toujours pensé que je serais là en 2014. Oui, c'est arrivé vite, mais j'étais prête.»

Elle le sera encore plus aux JO de Sotchi dans trois ans ou, pourquoi pas, à Pyonchang en 2018. Après, ce sera le temps de finir l'université et d'avoir «des trips de personne normale»...