La salle d'attente du CHU Sainte-Justine et son amphithéâtre seront complètement rénovés. La nouvelle salle offrira à ses jeunes patients de l'animation et des sièges plus confortables. Le Cinéma Céline Dion donnera aux jeunes patients la chance de voir les nouveaux films en même temps que leurs camarades de classe. Ce projet original et audacieux n'aurait jamais vu le jour sans le travail acharné de la productrice de films Denise Robert, à qui La Presse et Radio-Canada décernent le titre de Personnalité de la semaine.

En patientant avec sa fille, dans la salle d'attente de l'hôpital Sainte-Justine, Denise Robert a eu un choc. L'endroit défraîchi n'avait rien de rassurant pour sa petite MingXia. «Ce fut un double traumatisme pour elle. Déjà qu'elle s'était blessée, je devais en plus constamment la rassurer sur ce qui l'attendait. L'hôpital la terrorisait», raconte-t-elle. Denise Robert a vite constaté que tous les enfants autour d'elle étaient dans le même état de panique.

Quelques jours plus tard, elle obtient un rendez-vous avec le Dr Fabrice Brunet, directeur général du CHU Sainte-Justine. Mme Robert lui fait part de son envie de transformer la salle d'attente en un lieu vivant et rassurant pour les jeunes patients. Le Dr Brunet est très ouvert, mais il la met en garde: un hôpital amène son lot de contraintes. Il faut respecter des normes d'hygiène, choisir des matériaux permis par les lois et il ne faut pas entraver le travail du personnel soignant. Denise Robert en a vu d'autres et pousse l'audace encore plus loin. La productrice de films réussit à convaincre le Dr Brunet de faire de l'amphithéâtre une salle de cinéma. «Ma fille adore regarder des films pendant la fin de semaine. Et le lundi matin, elle en discute avec ses camarades de classe. Je voulais que les enfants qui doivent se rendre à Sainte-Justine pour des traitements aient la même chance», explique-t-elle.

Un projet d'équipe

Denise Robert a opté pour un projet de type communautaire. «Je ne voulais pas organiser une campagne de financement. Une fois l'argent amassé, il ne reste rien de l'expérience. J'avais envie que tout le monde mette la main à la pâte», précise-t-elle. Elle s'est vite tournée vers Michel Dallaire, designer de renommée internationale, pour la mise en chantier du projet. «Son expérience nous rassure», avoue-t-elle.

«Sainte-Justine, ce n'est pas un hôpital, c'est une maison... c'est la maison de la vie.» Cette citation de Céline Dion, inscrite sur un mur dans le hall d'entrée, a touché la productrice. «Je me suis dit que si c'était une maison, on devait penser à des thèmes, comme pour décorer une maison», indique-t-elle. Les enfants aiment bien la musique, les sports, les moyens de transport... et le cirque. La productrice a appelé Daniel Lamarre, président et chef de la direction du Cirque du Soleil, qui a trouvé le projet très intéressant. Marilène Blain-Sabourin, conceptrice de l'équipe du Cirque, s'est tout de suite lancée dans l'aventure.

Denise Robert a réussi à réunir plus d'une vingtaine d'intervenants pour le projet. Chacun d'entre eux offre gracieusement du temps, des services, du matériel et, surtout, du talent. «Il n'y a aucun échange d'argent. Et les dons remis à la Fondation de l'hôpital Sainte-Justine ne sont pas utilisés pour ce projet», tient-elle à préciser. Le personnel et les bénévoles du CHU Sainte-Justine sont aussi très engagés.

Une maison de vie

La salle d'attente sera transformée avant les Fêtes. Les travaux s'échelonneront sur quatre jours qui s'annoncent très chargés. À l'aide d'une caméra, les rénovations seront retransmises dans certaines pièces de l'hôpital. Les jeunes patients alités pourront ainsi suivre les travaux et faire partie de l'aventure. Sur le thème du cirque, la salle d'attente offrira trois tables interactives, des projections et des marionnettes animées défileront sur des fils de fer au plafond. «Le cirque est une thématique qui ne pose pas de problème de langages. Montréal étant une ville cosmopolite, il nous fallait un thème universel pour la salle d'attente», précise Denise Robert.

La salle de cinéma Céline Dion sera prête au printemps. La chanteuse a généreusement accepté de prêter son nom. Le cinéma sera accessible aux enfants en fauteuil roulant ou alités. Des colonnes munies de prises électriques permettront aux jeunes patients de recevoir des traitements pendant la projection d'un film.

Quand on la félicite pour son projet, Denise Robert nous corrige rapidement. «Ce projet appartient à chaque personne qui s'y greffe», précise-t-elle. La productrice émérite pense déjà à la suite des choses. «Le Dr Brunet m'a dit en riant qu'il voudrait qu'on transforme toutes les salles de l'hôpital. Je ne dis pas non.»

Je ne voulais pas organiser une campagne de financement. J'avais envie que tout le monde mette la main à la pâte.