Un Québécois, Yves Tremblay, a réussi à affirmer son talent en réalisant des photographies aériennes qui ont suscité l'admiration de ses pairs. Il détient le titre, décerné une seule fois au cours d'une carrière, de meilleur photographe aérien du monde. Cette récompense prestigieuse lui a été remise dans le cadre du congrès de la PAPA (Professional Aerial Photographers Association) en 2009. La Presse et Radio-Canada soulignent le cheminement original de ce photographe audacieux en le choisissant Personnalité de la semaine.

Cette fin de semaine à Las Vegas, Yves Tremblay a agi à titre de juge, seul Canadien, afin de déterminer quel photographe serait honoré cette année au congrès. «La reconnaissance de mes pairs, dit-il, est le plus beau cadeau qui soit. Je me sens fier d'être québécois aujourd'hui, surtout que je siège en tant que juge au PAPA, à deux pas du Caesars Palace où Céline va triompher une fois de plus.»

Une photo prise du haut des airs, en hélicoptère qui vole à basse altitude, demande un bon pilote, certes, mais le photographe doit à la fois maîtriser une technique pointue et être capable de jeter un regard professionnel d'artiste sur son sujet. Yves Tremblay a su tirer son épingle du jeu dans une profession où la concurrence est plutôt importante. La spécialisation est un atout.

Une niche

Il a fondé sa société, Photo Hélico, en 2001. Ses premiers contrats, raconte-t-il, ont été le fruit du hasard, mais se sont rapidement multipliés grâce au bouche à oreille. L'idée d'une photo aérienne a séduit un jour le rédacteur en chef du Soleil, qui a commandé à M. Tremblay une photo pour la une du quotidien dans le cadre des festivités du 400e anniversaire de Québec. Ce fut un immense succès. Ensuite, diverses personnalités célèbres du monde des affaires, que ce soit au lac Beauport ou au lac Memphrémagog, ont emboîté le pas. «C'est une belle niche», souligne l'entrepreneur heureux qui s'est donné la mission de répondre aux rêves de chacun. De toute façon, quand il est dans les airs, seule la réalité de la beauté ou de l'intérêt de son sujet l'accapare.

«Parmi les quelques conseils que je donne aux jeunes photographes qui me sollicitent, il y a celui-ci: si tu vois quelque chose de beau dans ton objectif, concentre-toi sur l'extérieur du cadre. Cela permettra d'inclure ou d'exclure des éléments.» Il veut sans doute dire que le succès de la photo viendra de l'essentiel.

En tant que spécialiste de photos aériennes, il choisit les meilleurs pilotes et prépare lui-même le plan de vol qui comprend l'exploration préalable du temps qu'il fera, de la lumière, de la saison, etc. «Je me sens comme un chef d'orchestre qui coordonne toutes les forces en présence.»

Les débuts

Il a grandi à Baie-Comeau. Sa première photo à 16 ans en noir et blanc a été prise dans le cadre d'un cours d'audiovisuel donné à son école secondaire. Coup de foudre. Après avoir suivi un cours de photo à Jonquière, il est engagé comme photographe de presse; déjà, ses photos peuvent servir d'objets de marketing. Juste avant de fonder son entreprise, il faisait de la photo pour le journal Le Reflet du Lac à Magog.

Son entregent et son dynamisme naturels sont les qualités importantes qui lui ont servi de levier pour sortir de la pauvreté, dans laquelle la famille de cinq enfants s'embourbait durant les années 60. Le jeune garçon a compris que s'il ne contribuait pas à son autonomie financière, il ne pourrait pas posséder la bicyclette dont il rêvait. Il y avait une urgence, dit-il. Et l'urgence a fait émerger son esprit entrepreneurial. «Cette situation difficile a aussi renforcé mes valeurs et contribué à ma volonté de réussir d'aujourd'hui.»

Marié à Lisa Beaudoin, Yves Tremblay a quatre garçons dont il est carrément amoureux. «Ils sont déjà à divers degrés mes collaborateurs.» La famille vit en Estrie, son port d'attache. Car le photographe est souvent entre ciel et terre, de Montréal à Québec en passant par la plupart des régions du Québec et même d'ailleurs, où on réclame ses photos pour une résidence, une usine en construction, un pont, une route, un village, bref, tout ce qu'un client a envie de voir de haut. «J'aimerais dire aux jeunes qui commencent en photo d'avoir confiance en eux et de ne pas laisser dormir leurs photos au fond d'un tiroir. Il y a peut-être là des trésors.»