Protéger l'environnement tout en stimulant l'économie du Québec? Cette double mission, Andrée-Lise Méthot y croit profondément. Et elle y travaille d'arrache-pied. Le 11 janvier dernier, cette pionnière de l'économie verte s'est vu confier les rênes d'un tout nouveau fonds destiné à soutenir les meilleures technologies environnementales du Québec. La Presse et Radio-Canada soulignent son engagement et sa vision en la nommant Personnalité de la semaine.

«Parlez de mon équipe! C'est important. Moi, les one woman show... Ce n'est pas avec ça qu'on peut construire à long terme. Je suis entourée de partenaires formidables et très talentueux, et c'est avec eux qu'on fait arriver les choses.» Andrée-Lise Méthot n'est pas du genre à aimer parler d'elle-même trop longtemps. Abordez ses succès et elle redirige les mérites vers Bernhardt Zeisig, son principal associé au sein de Cycle Capital, ou vers ses autres collaborateurs, qu'elle présente longuement à la façon d'un chef d'orchestre qui rend hommage à ses musiciens.

Mme Méthot est un drôle d'oiseau dans le monde de la finance québécoise. Cette iconoclaste qui a étudié le génie et la géochimie a travaillé autant à la Commission de la santé et de la sécurité du travail que pour les Nations unies, où elle a coprésidé un groupe de travail sur l'environnement.

Passionnée par l'apparition de la vie sur Terre, Mme Méthot a aussi toujours été préoccupée par sa possible disparition. «Plus jeune, j'ai eu un passé très militant», dit celle qui a déjà arraché l'asphalte des ruelles pour y planter des arbres.

Aujourd'hui, c'est au moyen de la finance qu'elle veut changer les choses. Une façon de ne plus seulement dénoncer, mais d'agir, explique-t-elle.

Technologies propres

Il y a trois ans, Andrée-Lise Méthot a lancé Cycle Capital Management, tout premier fonds québécois de capital-risque consacré aux technologies propres. L'idée: financer les entreprises qui mettent au point et commercialisent des technologies environnementales dans l'espoir de les voir percer.

Aujourd'hui, 29 millions des 80 millions disponibles ont été misés sur huit entreprises, dont sept québécoises, qui font autant dans les biocombustibles que dans le traitement de l'eau ou l'efficacité énergétique.

Cycle Capital vient aussi d'être choisi pour gérer ce qui s'appelle désormais Cycle C3E, nouveau fonds d'amorçage lancé par le gouvernement du Québec et financé par Québec, le Fonds de solidarité FTQ et FIER Partenaires.

En sollicitant des partenaires privés, Cycle Capital est parvenu à ajouter 9 millions aux 33 millions initiaux. Cette fois, la somme sera consacrée à de très jeunes entrepreneurs qui ont besoin de fonds pour concevoir leurs technologies vertes.

Et pas question de lancer de l'argent en priant pour créer des succès. Les entreprises choisies seront non seulement financées, mais aussi encadrées et conseillées par Cycle Capital.

«On a un rôle de mentorat à faire. On a des gens qui ont une expérience extraordinaire dans notre équipe et on les met à contribution», dit Mme Méthot.

Elle-même fait partie du conseil d'administration de cinq entreprises financées par Cycle Capital.

«Je travaille quotidiennement avec les entreprises. Tout le monde ici met la main à la pâte. On fait les petites comme les grandes choses», dit-elle.

Créer des ponts

L'ancienne militante se retrouve-t-elle dans ce rôle de financière?

«Non, ce n'est pas ça que je voulais faire quand j'étais adolescence, lance-t-elle en riant. Mais j'ai découvert ce métier et je le trouve fascinant. J'ai l'impression de servir la cause mieux que jamais.»

Aussi proche des financiers que des écologistes - elle compte le porte-parole d'Équiterre, Steven Guilbault, parmi ses amis personnels -, Andrée-Lise Méthot crée des ponts entre des groupes qui s'estiment souvent en opposition.

«Cette femme est une tornade. Son pouvoir de persuasion est extraordinaire», a déjà dit Denis Leclerc, ancien dirigeant d'AbitibiBowater, que Mme Méthot a convaincu de prendre les rênes d'Écotech Québec, nouvelle grappe des technologies propres du Québec dont Mme Méthot est aujourd'hui présidente.

Optimiste, Mme Méthot? Absolument. Elle cite des chiffres qui montrent que les investissements en finance verte sont en pleine progression dans le monde. Et elle a confiance que le Québec et le Canada pourront prendre leur place dans ce marché en plein essor.

«Le pôle Ontario-Québec est extraordinaire. Oubliez les frontières: il faut le voir d'un bloc, dit-elle. Et de Waterloo à Sherbrooke, il se passe des choses extraordinaires actuellement.»

J'ai découvert ce métier et je le trouve fascinant. J'ai l'impression de servir la cause mieux que jamais.