À l'approche du magasinage du temps des Fêtes, les consommateurs n'ont jamais eu autant de choix. Dans le milieu très concurrentiel du commerce de détail, l'entreprise québécoise Groupe Dynamite a réussi sa percée aux États-Unis en pleine récession. Sa présidente, Anna Martini, tente maintenant de séduire le Moyen-Orient. Pour sa vision et son sens des affaires, La Presse et Radio-Canada nomment cette comptable férue de mode Personnalité de la semaine.

Il faut du cran pour tenter une percée aux États-Unis en pleine récession doublée d'une crise financière, mais Anna Martini parle plutôt de hasard. «Nous avions déjà signé les baux avant que la récession ne commence, dit la présidente du Groupe Dynamite. Une chance que nous ayons pris cette décision avant la récession. Sinon, nous serions peut-être encore en période de réflexion...»

Au lieu de réfléchir, le Groupe Dynamite exploite déjà une douzaine de boutiques aux États-Unis depuis 2007. Le pays de l'Oncle Sam représente 4% du chiffre d'affaires de ses 262 boutiques Garage (pour les adolescentes) et Dynamite (pour les femmes dans la vingtaine). Et ce n'est pas fini: l'entreprise inaugurera quatre boutiques en autant de mois au Texas et dans le Rhode Island. D'ici 10 ans, le Groupe Dynamite veut passer à 700 boutiques et faire augmenter son chiffre d'affaires de 360 millions à 1 milliard de dollars.

Paris réussis

Les récessions ont changé bien des choses dans la vie d'Anna Martini. En 1983, l'étudiante en marketing change de voie au bout d'un an pour s'orienter vers la comptabilité. En ce climat économique morose de lendemain de récession, elle estime qu'elle pourra se trouver un emploi plus facilement à sa sortie de l'université. Pari réussi: elle deviendra l'une des plus jeunes associés au cabinet Deloitte, où elle acquerra une expertise en commerce de détail.

Férue de mode depuis qu'elle est haute comme trois pommes, Anna Martini se fait offrir en 2004 la présidence du Groupe Dynamite par le propriétaire Andrew Lutfy, qui veut qu'elle dirige l'expansion internationale de son entreprise. Après 19 ans chez Deloitte, elle choisit de faire le grand saut.

Si elle quitte son métier, elle garde ses réflexes de comptable. «Je suis une fille de chiffres. L'une des choses que nous regardons en premier pour choisir l'emplacement d'une boutique, c'est la densité de filles de 11 à 19 ans autour du centre commercial», dit Anna Martini, née à Montréal de parents italiens qui ont immigré au Québec dans les années 50.

Chez le Groupe Dynamite, la femme d'affaires de 48 ans revient à ses anciennes amours: le marketing. «Nous avons créé des marques distinctes pour nos boutiques Garage et Dynamite, dit-elle. Nos marques, c'est ce qui est le plus important. Ça nous permet de rester concentrés.»

«Les gens pensent que c'est facile de gérer des boutiques de vêtements mais ils ne savent pas à quel point c'est compliqué, dit Anna Martini. Il faut s'occuper des stocks, du marketing, toujours chercher les prochains vêtements à la mode.» Sans compter la gestion de 4200 employés, dont 450 au siège social de Montréal et plusieurs autres dans les 87 boutiques au Québec. «La moitié de mon temps est consacrée à trouver des gens de qualité et à les encadrer», dit-elle.

Prix prestigieux

Peu importe la complexité de son rôle, Anna Martini semble y exceller. En juin dernier, elle a reçu le prestigieux titre de Fellow de l'Ordre des comptables agréés du Québec. Plus tôt ce mois-ci, ce fut au tour de son alma mater, l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia, de l'honorer.

Il y a quelques semaines, Anna Martina a inauguré le bureau du Groupe Dynamite à Shanghai, une initiative qui permettra de mieux veiller sur ses fournisseurs chinois. Hier, l'entreprise a coupé un autre ruban: celui de sa boutique de Doha, au Qatar. Il s'agit de la deuxième boutique du Groupe Dynamite au Moyen-Orient, après celle de Dubaï inaugurée en avril dernier. La présidente était trop occupée par les ventes du week-end du Black Friday aux États-Unis et par le début du magasinage des Fêtes au Canada pour être sur place, hier à Doha. «Le Canada reste notre priorité et il faut y consacrer du temps, dit Anna Martini. Notre expansion internationale est très diligente.»

Anna Martini s'envolera plutôt pour le Moyen-Orient la semaine prochaine. Elle doit visiter des lieux pour sa future boutique en Arabie Saoudite. Le Groupe Dynamite doit également ouvrir des boutiques en Égypte, au Koweït, à Oman et au Bahreïn d'ici quatre ans. «Ce sera des boutiques presque identiques à celles du Canada, sauf qu'on tiendra compte de la température chaude 12 mois par année. Disons qu'on ne vendra pas de manteaux là-bas...»