Étienne Eysseric est un adolescent de 14 ans qui nous apprend aujourd'hui, d'éloquente façon, comment transformer une épreuve en actions généreuses. C'est un garçon exceptionnel qui est sorti victorieux de l'attaque de la maladie à 6 ans - un cancer neuroblastome de stade quatre; qui a subi tout ce qu'on peut imaginer de traitements éprouvants, y compris une greffe de moelle osseuse; qui a passé un an et demi à l'hôpital Sainte-Justine; qui n'a jamais baissé les bras; et qui se consacre depuis trois ans à remettre, dans la mesure de ses moyens, le cadeau reçu d'une rémission totale, d'un miracle de vie.

Étienne Eysseric, élève en troisième secondaire à l'Académie Lafontaine de Saint-Jérôme, a accepté un premier rôle, alors que lui-même n'avait plus un seul cheveu: porte-parole du Défi Têtes rasées, organisé par Leucan. Puis à l'Académie, à l'initiative de la direction et des professeurs, comme la coutume était de courir au profit d'une oeuvre, Étienne convainc en 2008 les décideurs de son école de courir au profit de l'hôpital Sainte-Justine. La Course de l'espoir en cette première année permet d'amasser plus de 81 000$. La deuxième année, c'est 100 000$ qui sont remis à la Fondation de l'hôpital. Le nom de la course a changé depuis - la Course 3 L pour l'enfance (car des écoles de Laval, Laurentides, Lanaudière y participent). Dix écoles, plus de 10 000 jeunes qui courent pour venir en aide aux jeunes malades. Une petite armée menée par le dynamisme et le charisme d'Étienne. Le résultat est phénoménal: près de 450 000$ remis à la Fondation du CHU Sainte-Justine! Devant cet exploit, La Presse et Radio-Canada lui décernent le titre de Personnalité de la semaine.

Une force de la nature

Au moment de son hospitalisation, Étienne a tissé des liens étroits avec plusieurs membres du personnel soignant. «Ils ont joué un grand rôle dans ma guérison, souligne Étienne qui nomme plus particulièrement l'oncologue Stéphane Barrette, «toujours présent». L'année passée à Sainte-Justine lui a fait prendre conscience qu'au-delà des encouragements des parents, «le personnel aide beaucoup les jeunes malades à conserver leur courage».

L'épreuve a-t-elle fait mûrir l'enfant? Sans aucun doute. Sa maturité s'observe sur les plans du langage, de la sensibilité, de la communication. Il annonce fièrement qu'il a obtenu le prix du Leadership l'an dernier à l'Académie. Ce n'est pas étonnant. «Aider les autres me donne de l'énergie», dit Étienne sans forfanterie. On ne sent pas le moins du monde d'efforts ni d'obligations absolues dans son dévouement. «La chose la plus importante du monde pour moi, c'est la générosité... mais volontaire. On doit avoir de l'empathie pour ceux qui souffrent, les écouter.»

Son long séjour à l'hôpital aurait pu avoir des répercussions sur son cheminement scolaire. Encore là, il a suivi des cours donnés à l'hôpital par l'un de ses professeurs de l'Académie et a maintenu le rythme des élèves de son âge. On a peine à imaginer qu'un enfant de 6 ou 7 ans, après des traitements de chimiothérapie, une greffe de moelle osseuse qui a détruit son système immunitaire, de nombreuses complications, sans compter la prise de conscience graduelle de la gravité de son état, puisse être réceptif au programme scolaire.

Sa passion

Ses parents, armés d'un courage de chaque heure, ont vécu l'enfer de voir leur unique enfant risquer de mourir. Sans doute qu'un ange veillait sur lui. La sainte Flanelle, surnom affectueux de l'équipe du Canadien de Montréal, n'y est peut-être pas étrangère. Étienne est fou du hockey. En dépit du fait que c'est au cours d'un tournoi de hockey, à 6 ans, qu'il ressent la première forte douleur à la jambe, qui doit le conduire à Sainte-Justine et marquer ainsi le début d'une longue épreuve. Que fait-il une fois en rémission? Il joue au hockey.

En dehors du travail de l'école où ses résultats sont en moyenne entre 80 et 90%, entre ses visites à la Fondation de l'hôpital, au-delà de son leadership en tant que porte-parole, il prend le temps de jouer au hockey. Intensément. Le reste des distractions de la vie: musique, cinéma, lecture, tout cela attendra. «Pour me détendre? Je joue au hockey!»

Il est un peu entêté, un petit défaut qu'il se reproche, mais que l'on pourrait qualifier plutôt de qualité. «Je n'aime pas la violence, même verbale. Oui, je voudrais fonder une famille plus tard», ajoute le garçon né à Laval le 25 juin 1996.

De quoi rêve-t-il comme carrière? «Devenir journaliste sportif. D'ailleurs, je suis un fan des pages sportives de La Presse. Je pourrais aussi devenir commentateur aux soirées du hockey.» Il possède déjà, à 14 ans, les qualités requises de communicateur: de l'assurance, du vocabulaire.

Étienne est en rémission totale, même s'il se considère comme de santé fragile, surtout en ce qui a trait aux rhumes. Il a tourné la page noire de sa vie.

Il regarde en avant. Il lance et compte.