Alexandre Bilodeau est devenu la nouvelle coqueluche du sport au Canada en remportant la première médaille d'or olympique du pays à domicile le jour de la Saint-Valentin. Au-delà de son impressionnante performance, sa personnalité et la relation qu'il entretient avec sa famille en touchent plus d'un.

L'exploit sportif qu'il a accompli, en soi, est remarquable. Mais il y a plus encore. Le nouveau boss des bosses charme tous ceux qu'il croise grâce à son intelligence, son sens de l'humour et, surtout, sa grande humilité.

À ce skieur acrobatique de 22 ans qui a remporté l'or aux Jeux olympiques d'hiver de Vancouver, La Presse et Radio-Canada décernent le titre de Personnalité de la semaine.

Histoire de famille

Le jeune homme au sourire craquant n'a pas seulement séduit tout le pays. Il l'a aussi ému en offrant sa médaille à son grand frère handicapé.

«J'ai juste hâte de la lui mettre autour du cou», a-t-il dit après la cérémonie de remise des médailles dans un BC Place rempli à capacité, et où l'ambiance était survoltée.

Dans les heures suivant sa performance à couper le souffle, l'athlète de Rosemère a multiplié les entrevues aux côtés de son frère, Frédéric, 29 ans, atteint de paralysie cérébrale. Les grands médias canadiens, mais aussi américains, voulaient tous raconter cette extraordinaire histoire de solidarité fraternelle.

«Vous avez vu le sourire de mon frère à la télé, quand j'ai gagné. Il est toujours comme ça, même s'il aurait toutes les raisons de se plaindre. Cette médaille d'or est pour lui», a souligné l'athlète à maintes reprises devant les caméras.

Chaque fois qu'il en a l'occasion, le jeune homme ne manque pas de remercier ses parents, Serge et Sylvie; son entraîneur Dominick Gauthier, aussi créateur de la fondation sportive B2Dix avec le financier montréalais John D. Miller; sa soeur de 16 ans, Béatrice, membre de l'équipe nationale de développement en bosses qui l'incite à repousser ses limites. Sans oublier le gouvernement canadien pour l'avoir financé par l'entremise du programme «À nous le podium».

Lorsqu'il a grimpé sur la première marche du podium, ses premières pensées sont allées au champion olympique Jean-Luc Brassard. Le médaillé d'or aux Jeux olympiques de Lillehammer, en 1994, a été sa source d'inspiration pour se lancer dans ce sport. Il avait 7 ans à l'époque. Sa mère voulait qu'il laisse tomber le hockey pour pouvoir skier en famille la fin de semaine. Il a conclu un marché avec elle. Ce serait du ski de bosses.

Toujours humble

S'il a le sens de la famille, Alexandre Bilodeau fait aussi preuve d'un grand esprit d'équipe. Après avoir remporté sa médaille, il avait hâte de se retrouver dans les estrades pour encourager les autres athlètes canadiens. «La première médaille d'or ne vaut pas plus que la deuxième qui sera gagnée ou la troisième. Elles ont toutes la même valeur», insiste-t-il.

L'anecdote qui suit en dit long sur son humilité. La semaine dernière, Bilodeau est allé dîner avec la seconde médaillée d'or olympique canadienne, l'athlète de snowboard cross Maëlle Ricker. «Je voulais savoir si elle avait autant de demandes d'entrevue que moi. Je me serais senti mal si j'avais attiré plus d'attention parce que j'ai gagné la première médaille d'or en sol canadien, raconte le jeune homme. Elle m'a rassuré en me disant qu'elle aussi, elle en avait par-dessus la tête.»

Après une semaine de tournée médiatique et de réceptions mondaines durant lesquelles tout le monde voulait le féliciter - de l'ancien premier ministre du Canada Jean Chrétien au nageur américain 16 fois médaillé aux Jeux olympiques, Michael Phelps -, «la récréation est terminée», indique l'athlète discipliné. Il a déjà recommencé l'entraînement en gymnase. Au lendemain de la cérémonie de clôture des Jeux, il s'envolera vers le Japon en vue de la prochaine étape de la Coupe du monde. Il y a fort à parier que sa victoire aux Jeux olympiques ne sera pas son dernier podium.