Grandes amies, Camille Salvas et Estelle Simon ont un vif esprit scientifique et un désir d'aider les autres qui est manifeste. Celles qui ont remporté la finale québécoise 2010 de la Super Expo-sciences Bell, qui s'est tenue du 15 au 18 avril dernier à l'Université de Montréal, sont promises à un brillant avenir.

Deux filles toutes simples parlent abondamment de leur passion commune: les sciences. Le premier prix Bell que les adolescentes, amies depuis longtemps et branchées sur les mêmes rêves, à peu de choses près, ont reçu est attribué au meilleur projet toutes catégories confondues et est assorti d'une bourse de 1 500$ pour chacune des lauréates.

La Presse et Radio-Canada, conscients de tout le potentiel savant des deux jeunes filles, les nomment Personnalités de la semaine.

Cinquante ans de sciences

Camille a 17 ans et Estelle, 16 ans. «On se connaît depuis la première secondaire. On se sent un peu comme des soeurs», disent-elles pour expliquer la symbiose qui les unit. Intérêts communs, même langage, même culture, mêmes origines, toutes deux élevées à la campagne, sur une ferme. Toutes deux de la région de Sorel-Tracy.

Difficile de ne pas être ébloui par la facilité avec laquelle elles s'expriment dans une langue parfaite, en utilisant parfois des mots savants qui combleraient d'aise des scientifiques aguerris.

Mais parlons du projet qui les a fait gagner: Probiotiques sans frontières. Cette expérience liée aux sciences de la santé cherchait à démontrer les effets bénéfiques de certains probiotiques sur le système digestif. Les jeunes scientifiques ont réussi à démontrer que l'emploi quotidien d'un rince-bouche contenant des bactéries probiotiques permet l'intégration de ces bactéries dans la flore buccale et nasale. À leur avis, l'amélioration de la flore microbienne peut avoir un effet bénéfique sur la santé en protégeant mieux de certaines infections courantes, voire en les éliminant.

Cette éclatante démonstration tient à la fois de la curiosité, de la créativité, de la discipline des deux jeunes scientifiques. En présence de dizaines d'autres jeunes de 12 à 20 ans, en solo ou en duo, venant de tous les coins de la province présenter leurs projets, la victoire d'Estelle et Camille s'inscrit dans le cadre du 50e anniversaire des Expo-sciences au Québec, et de la 32e présentation de la Super Expo-sciences commanditée par Bell. Depuis les débuts de ces expositions, 300 000 jeunes ont participé aux Expo-sciences. En ce 50e anniversaire, ce fut aussi l'occasion d'une rétrospective des projets gagnants depuis 1960 et de la manière dont ces jeunes devenus grands ont évolué au cours des années.

Comme les autres

Estelle et Camille sont toutes deux en cinquième secondaire, et s'engagent en sciences de la nature au cégep, en septembre. «On aura deux ans pour décider de notre avenir.» Pharmacie pour l'une, médecine peut-être pour l'autre, mais avec un objectif commun, celui d'aider les gens.

Les quatre murs d'un bureau ne sont pas pour elles. «On n'est pas carriéristes. On n'est pas non plus des petits rats de laboratoire, disent-elles en riant de l'image. Et puis on est des filles «normales», terre à terre. On joue au volleyball, on est engagées dans notre communauté, on étudie et on a même chacune... un petit ami.» Elles sont certes très organisées, très énergiques. Et des leaders naturels.

Les Expo-sciences auxquelles elles ont participé dans les cinq dernières années les ont amenées à voyager dans tout le pays, à vivre de fortes émotions animées d'une saine compétition. De nombreux prix ont couronné leur jeune carrière.

Elles souhaitent se mesurer aux meilleurs projets du monde. «On a vécu des échecs parfois très décevants. On ne s'est pas laissé abattre. On veut aller plus loin, plus haut et faire avancer la communauté scientifique.»

Le fait d'avoir vécu toutes les deux sur une ferme, l'une laitière, l'autre équestre, avec des parents entrepreneurs créatifs, leur a appris la nature, la débrouillardise, le sens des responsabilités. Et surtout l'autonomie.

À l'occasion de leurs premières Expo-sciences, Estelle et Camille ont été fouettées au tout début par l'énergie des gagnants, l'agitation des drapeaux, la réception des médailles. Cette sorte de protocole un peu glamour, il faut bien le dire, a agi comme un catalyseur. «On s'est dit que nous aussi, nous gagnerions un jour. C'est un peu comme les athlètes qui rêvent aux Jeux olympiques. Pas à pas on progresse, on s'inspire des héros, on veut les imiter.»

Ces ambitions ne leur font pas perdre de vue leur rêve principal: venir en aide aux plus démunis, que ce soit ici comme pharmacienne, aux urgences, comme médecin social, ici ou ailleurs. Toutes les deux ont connu des mentors, des professeurs enthousiastes qui leur ont dit: «Go les filles!» Bientôt elles veulent exercer ce rôle bénévole auprès de jeunes qui vont commencer à présenter des projets aux Expo-sciences.

Elles sont riches d'une grande amitié entre elles. Riches d'intelligence et de sensibilité. Prêtes à refaire le monde, pleines d'optimisme, de savoir et de coeur.

On veut aller plus loin, plus haut et faire avancer la communauté scientifique.